When you say nothing at all - [R.]

Samantha était couchée depuis longtemps. Don et Adrianna étaient assis l'un en face de l'autre, ils venaient de manger un rôti de porc qu'elle avait préparé. Il n'avait plus faim. Il la fixait car elle avait été bien silencieuse et cela l'avait gêné. Il ne supportait pas que sa femme ne lui dise rien lorsqu'il voyait bien que quelque chose la tracassait. Il savait. Elle avait été distante et muette. Elle était différente. Certainement quelque chose au travail mais pourquoi diable ne lui en parlait-elle pas? Il attrapa son paquet de cigarettes et en alluma une, jetant le briquet sur la table. Il avait failli renverser son verre mais s'en fichait guère. Elle ne bougeait pas. ll se leva et prit son assiette pour la ramener dans la cuisine. Il la regarda un instant, elle ne dit rien, alors il prit l'assiette qui traînait devant elle et se dirigea vers la cuisine. Lorsqu'il ré-apparut dans le salon / salle à manger, elle était toujours dans la même position. Et lui qui croyait qu'elle lui disait tout. Il roula des yeux et s'assit sur le canapé.

« Adriana, bordel, tu vas te décider à me dire ce qu'il va pas ou je vais devoir tout deviner tout seul? »

Cela devait être extrêmement matcho à penser. Mais lorsqu'Adrianna se conduisait comme ça, c'était la plupart du temps dû à une dispute puérile qu'elle avait eu avec sa collègue de travail. A moins que quelqu'un de sa famille soit mort et qu'il n'était pas au courant. Il soupira. Ces derniers temps, il n'avait pas été le mari parfait. Entre les examens trimestriels à corriger et Violet qui ne faisait que l'allumer lorsqu'ils se croisaient, il n'avait pas eu beaucoup de temps à consacrer au devoir conjugal. Soit. Mais de là à tirer une tronche de six pieds de long, Donnie avait du mal à y croire. Il respira un bon coup et tapota le coussin du canapé à côté de lui.

« Viens là. »

La vie était compliquée. A un moment tout le monde était heureux, le soleil brillait, mais à un autre, le ciel bleu devenait orage, et la vie triste et monotone. Mais rares étaient les arc-en-ciels. Mon plus beau soleil fut la naissance de ma fille. Samantha. Aujourd'hui âgée de trois ans. Qu'est-ce que je l'aimais. D'ailleurs, je ne voyais pas ma vie sans ma fille. Elle était mon bonheur, mon rayon de soleil, le seul être humain qui pouvait illuminer mes journées en un seul sourire. Elle était parfaite.
Sam était déjà couchée, et depuis un bon bout de temps. Ce qui me laissait seule à table, avec mon mari. Don. je venais de finir mon assiette de rôti de porc que j'avais fait moi-même. Oui car mon cher mari était incapable de nous faire à manger. A croire que j'étais la boniche de service. Mais je m'étais laissée faire trop longtemps, cela ne pouvait continuer ainsi. J'avais encore faim, je me serais bien prise un dessert, mais Don me fixait alors ce n'était pas vraiment le moment de me lever. Je n'avais pas parlé depuis que j'avais couché la petite, et il se demandait sûrement pourquoi. Pourquoi ? Je n'allais probablement jamais lui dire. De toute façon, je n'avais rien à me reprocher. Je m'étais tue car je ne voulais pas lui parler. Je n'étais pas du genre très directe, et parfois je le regrettais. Je préférais garder mes distances et ne rien dire. Cela pouvait paraître stupide, mais je n'y pouvais rien. C'était dans ma nature d'être comme ça. Alors que je buvais la dernière gorgée d'eau de mon verre, Don s'empara de son paquet de cigarettes et en fuma une. Je détestais quand il faisait ça. Je n'avais qu'une envie, c'est de lui prendre sa cigarette, la jeter par terre, l'écraser puis crier. Mais je ne pouvais faire ça. D'abord parce que j'étais presque incapable de le faire, et puis Samantha dormait. Je ne voulais absolument pas la réveiller. Il se leva pour débarrasser son assiette et recommença à me regarder. Je ne disais toujours rien, je n'avais aucunement envie de dire quelque chose à ce moment précis. Il prit mon assiette pour la débarrasser aussi. A croire que je ne pouvais le faire moi-même. Je savais que cela partait d'une bonne intention, mais quand même. Lorsqu'il revint, je n'avais pas bougé. A en voir sa tête, je crus qu'il allait soupirer, mais il roula simplement des yeux et s'assit sur le canapé. « Adrianna, bordel, tu vas te décider à me dire ce qu'il va pas ou je vais devoir tout deviner tout seul ? » dit-il. S'il croyait que j'allais lui dire, il se mettait le doigt dans l'oeil ! Il n'avait qu'à deviner tout seul, il pouvait faire un effort pour une fois. Je l'aimais, mais je n'étais vraiment pas d'humeur à le lui dire. Depuis six mois il avait complètement changé, je ne le reconnaissais plus. Il n'était plus le même. Et je savais pourquoi. Mais je préférais le garder pour moi, en tout cas pour le moment. Lui ne trouva qu'à soupirer en réponse à mon silence. Il tapota le coussin du canapé qui se trouvait juste à sa droite. « Viens là. » disait-il. Je n'allais sûrement pas m'asseoir à côté de lui, ça s'était hors de question. C'était le moment pour moi de riposter. « Non. » fis-je d'un ton sec.

Que s'était-il donc passé entre Adrianna et lui? Pourquoi donc le Groënland semblait les séparer à ce moment même? Il soupira et tira un peu trop fort sur sa cigarette. Il lui jeta un regard plutôt neutre alors qu'elle venait clairement de lui mettre un vent. Il se sentait vraiment désolé que leur couple ait prit un visage plutôt moribond ces derniers temps. Il aurait pu jurer que tout cela n'avait rien à voir avec le retour de Violet dans sa vie, néanmoins il réalisa qu'il ne regardait plus sa femme comme il le devait depuis quelque temps. Il avait peur. Peur de recommencer à penser à Violet lorsqu'il faisait l'amour à Adrianna. Il se sentait gêné vis à vis de son épouse. Bien sûr il la désirait toujours, et le devoir conjugal était encore satisfait. Mais il le faisait sans aucunes émotions, pour être sûr de ne pas penser à une autre certaine personne qui habiterait un étage en dessous. Pour ne plus penser à ce malaise, il se leva, et sortit sur le balcon pour finir sa cigarette. Adrianna n'aimait pas cela, il essayait donc de ne plus la contrarier.

Lorsque Don revint à l'intérieur, Adrianna avait disparu. Ne voyant plus rien sur la table, il comprit qu'elle était dans la cuisine. Il soupira encore une fois. Elle devait sûrement croire qu'il la prenait pour une boniche à force. Si seulement elle arrêtait de tout faire à sa place... Donnie la rejoignit alors et resta dans l'encadrement de la porte, la fixant alors qu'elle était de dos. Pourquoi donc ne voulait-elle pas parler? Aux dernières nouvelles, ils étaient toujours amoureux et se disaient tout, non? Il prit sur lui et s'approcha dans l'espoir de la dérider un peu. Il l'enlaça et posa sa tête sur son épaule, comme il aimait le faire. Elle était en train de faire la vaisselle.

« Ade, on a un lave-vaisselle pour ça, tu sais. »

Il avait essayé de le dire d'une façon amusante. Elle n'avait peut-être pas envie de rire. Don carressa un instant son ventre, puis la retourna. Il se plongea dans son regard bleuté mais il n'arrivait plus à lire en elle. Il la souleva sans effort et la posa à côté de l'évier, sur le plan de travail. Il lui écarta doucement les cuisses pour pouvoir s'approcher d'elle.

« Dis-moi s'il te plaît.Je ne lâcherai pas le morceau. »

Durant nos quatre années de mariage, cette dernière année était de loin la pire. Je ne pouvais m'imaginer ma vie ainsi. Et pourtant, je l'aimais toujours. Mais le bonheur se dégradait de jour en jour, toujours plus doucement. Comment faire pour être heureux dans un monde qui se dégrade chaque jour à vue d'oeil ? Je crois que la réponse n'existe ni sur cette planète ni sur aucune autre, mais dans un endroit inexploré, que l'on connaît pourtant très bien, un endroit à la fois loin et proche... La réponse se trouve dans notre coeur. Mais je ne savais plus vraiment ce que mon coeur me disait. Tout se mélangeait dans ma tête, et je ne savais plus quoi penser. Je détestais ces moments-là, où le doute s'imposait. Si seulement j'étais plus franche, plus directe, je pourrais parler à Don, tout ce que je savais, tout ce que je ressentais. Mais j'en étais incapable, je n'étais bonne qu'à me taire. D'un autre côté j'avais choisi ce mode de "combat" si l'on puit dire. Ne rien dire, se taire, rester silencieuse, mystérieuse, c'était parfois une bonne stratégie. Mais parfois non, comme quand Don fumait - un peu trop d'ailleurs. Je le lui reprochais souvent, mais sans rien faire. Je voulais devenir plus forte, "me rebeller". Je ne savais pas si j'en étais capable, mais j'allais essayer. Par tous les moyens. Je le voulais. Vraiment.

C'était une des premières fois où je lui avais mis un vent, mais j'en étais plutôt fière en fait. Il y a un peu plus de six mois, je n'aurais jamais pensé faire ça. Mais ces six derniers mois avaient tout changé dans notre vie. Il ne me regardait plus comme avant, il avait toujours l'air distrait, et aussi gêné. Et je ne pouvais plus supporter ça. J'avais besoin de quelqu'un qui m'aimait, qui me désirait, qui ne pensait qu'à moi. J'étais peut-être un peu exigente, mais j'en avais besoin. Je ne disais pas que Don ne ressentait plus rien pour moi, au fond de moi je me disais qu'il m'aimait toujours un peu, tout au fond de lui. Il ne pouvait pas oublier tous les moments que nous avions vécus.

Je le regardais sortir sur le balcon avec sa cigarette. Au moins il faisait ça car il savait que je détestais qu'il fume. Au fond de moi, je souriais. Mais je ne le montrais pas à l'extérieur. Alors qu'il tournait la tête vers une autre direction, je me levai de ma chaise et me dirigeai vers le cuisine. Les assiettes couleur perle étaient entassées avec les autres couverts, juste à droite de l'évier. Je les pris en mains et commençai à faire la vaisselle. Il y avait un lave-vaisselle juste à côté, mais je voulais la faire à la main. Peut-être cela allait-il canaliser ma colère transparente. Je ne l'avais pas vu rentrer, mais je le sentis quand il m'enlaça et posa sa tête sur mon épaule, comme quand il le faisait il y a encore quelques mois. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait, j'avais presque envie de pleurer. D'ailleurs il me fit la remarque pour le lave-vaisselle. Il essayait de plaisanter un peu, mais je n'avais vraiment pas la tête à ça. Il carressa ensuite mon ventre et me retourna. Il me regarda droit dans les yeux, et je n'eus pas d'autre choix que de regarder également ses yeux. Mais c'est alors qu'il me souleva et me posa près d'où était la vaisselle encore quelques minutes plus tôt. Il m'écarta doucement les cuisses s'approcha de moi. Il était téméraire, il voulait absolument savoir.

« Tu devrais savoir. Je croyais que tu étais fort pour deviner ce genre de choses. » fis-je sans aucune expression au visage.