So stupid [R.]

18h00.

Installer à une table, ordinateur ouvert devant lui, Ezékiel tapait frénétiquement sur le clavier. Comme chaque jours après ses cours, il venait ici, prendre sa dose de café. Mais on était jeudi. C’était l’heure de son cours d’informatique. Du moins, celui qu’il donnait à une certaine Bunny Carter. Au début, il avait trouvé ça étrange mais en voyant la culture informatique qu’elle avait, tout était devenu clair. Même une huître asmathique aurait été en mesure de pouvoir différencier la mémoire interne de la mémoire externe. Pour lui c’était simple, pour elle peut être moins. Après tout beaucoup de site Internet disait qu’une jolie fille ne pouvait pas non plus être intelligente. A en conclure par la pensée d’Ezékiel, si les sites le disaient c’était forcement vrai.

Le jeune Hewitt releva la tête vers l’horloge exposée au dessus du comptoir. 18h05. Cinq minutes de retard mais Bunny c’était Bunny, elle arrivait toujours en retard de toute façon. Et puis, ça ne le regardait pas forcement. Non, ce qui le regardait c’était plutôt que son ordinateur et le tableur ouvert sur le bureau, affichait des centaines de chiffres bizarres. Son nouveau projet. Un gentil virus sans danger qui planterait simplement l’ordinateur pour affiché un mot, un seul, rouge sang. « DEAD ». Ce virus, il était pour ce pauvre type, ce gars qui se croyant au dessus de tout le monde, l’avait insulté de martiens. Pourquoi ? Parce qu’il était plus intelligent que lui ? Sûrement. Fier, il avait enregistré les données et fermé le programme.

Finalement, Ezékiel s’impatientait. Il n’avait pas que ça à faire. Une trentaine de film devaient être graver puis classer avec les autres. De plus, il devait rejoindre « Sunny » sur Seconde Life pour une nuit blanche, encore. Les nuits blanches faisaient tout bonnement parti de sa vie et ses habitudes. C’était comme enlevé au père noël, ses joyeux lutins ou comme enlevé à un lapin, ses grandes oreilles. Ça n’avait tout simplement pas lieu d’être.

Bref.

Tapotant d’une façon régulière et presque énervant sur le rebord de la table, Ezékiel commanda un autre café. Au même moment, la porte s’ouvrait sur une étudiante purement et simplement … Bunny. La plupart des regards masculins c’était retourné vers elle alors que celui d’Ezékiel se portait sur son café. Certes, elle était plutôt agréable à regarder mais aux yeux d’Ezékiel seul son ordinateur trouvait grâce. A quoi bon regarder les filles, si on peut avoir tout ce qu’on veut sur la toile. Une russe ? Une américaine ? Une française ? Il n’y avait qu’à tapoter et deux secondes plus tard, il se trouvait en charmante compagnie. Autant dire, que pour Ezékiel la vie virtuelle avait autant d'importance - si ce n’est plus - que la vie réelle. C’est pour cette raison, qu’il ne prêta guère attention à Bunny, qui s’avançait vers lui.

Puis sentant son parfum, il leva les yeux vers elle.

« Un café ? » demanda-t-il une fois qu’elle fût assez proche pour l’entendre.

16h00.

Bunny sortait seulement de cours - étudier en neurochirurgie était loin d'être de tout repos, croyez-moi. Elle avait eu hâte toutes la journée que son examen trimestriel en biologie soit terminé, et le sang de grenouille qui colorait sa blouse de petite chimiste laissait s'échapper une odeur qui ressemblait à une croupe de cheval en putréfaction. Elle se précipita hors de la salle dès que la cloche eut sonné, et enleva aussitôt le tout qu'elle fourra directement dans la poubelle la plus proche - ils ne conseillaient pas pour rien d'avoir au moins une dizaine de blouses par année. Elle en avait marre de tout ça, la routine : se lever trop tard parce que la veille elle avait trop fait la fête, arriver en retard d'au moins deux bonnes heures, expliquer au doyen à qui elle devait donner une trique d'enfer comment elle avait dû emmener sa soeur aux urgences lorsqu'elle s'était coincé un CornFlakes dans la narine gauche en tentant une expérience de transgénèse céréalière, filer un cours avec sur son carnet, un bien emmerdant " dernière excuse avant renvoi" - elle en était à sa dernière excuse avant renvoi depuis au moins deux mois. Bref, la demoiselle passa au casier, attrapa son fourre-tout Sonia Rykiel et fila hors des bâtiments.On était jeudi, elle avait rendez-vous avec cet espèce de bombe sexuelle ambulante d'Ezékiel Hewitt. Hélas pas vraiment un rendez-vous galant, ou même un rendez-vous sous la couette, mais plutôt pour.. bosser, ouais. C'était une idée qui lui était venue lorsqu'elle avait compris que ce putain de geek ne s'intéressait qu'à son ordinateur : faire semblant d'être conne et aussi peu calée en informatique qu'une gamine congolaise manchotte et trisomique de cinq piges. D'un autre côté, parfois elle se demandait qui était le plus débile d'eux deux : elle qui feignait d'être complètement idiote pour le draguer pendant leur scéance multimédia, ou lui qui n'était même pas fichu de remarquer qu'elle aurait pû devançer Bill Gates et avait dû naître avec un ordinateur entre les mains.

Bref, aussitôt dehors, Jimmy - un étudiant de troisième année qui dealait et lui courrait après depuis le début de l'année en éspérant qu'elle lui donne une sucrerie (a) - l'attrapa par le bras et l'ammena sous le préau isolé, là où lui et tous ses potes camés se retrouvaient après la classe pour se fumer quelques pétards. Un de ses potes tendit le joint vers Bunny, lui proposant de tirer avec un sourire pervers du style j'espère-que-tu-tiens-pas-la-drogue-comme-ça-tu-seras-stone-et-je-pourrais-te-sauter-sans-ton-consentement. Elle refusa avec un signe de la tête et dévisagea Jimmy. Fallait pas non plus se foutre d'elle, soit il avait quelque chose et il le lui donnait, soit il n'avait rien et elle se barrait d'içi. Première hypothèse vérifiée : il lui tendit une petite plaquette de pillules multicolore. B. la saisit illico, et n'écouta même pas ses recommandations à deux balles, comme quoi " il ne faut pas en avaler plus de deux en une heures et pas les rouge et les bleues ensemble, sinon tu vas être dans un sal état ". Elle lui tendit un billet, n'attendit même pas de voir s'il l'acceptait ou non et fila.

18h30.

Comme on peut facilement le supposer, Bunny avait avalé la moitié de la plaquette dès qu'elle avait posé ses fesses dans un taxi, sans même se souçier de si oui ou non telle ou telle couleur allait avec telle autre. Elle arriva chez elle complètement défonçée, heureusement que sa copine préférée, Dot, était là pour l'aider à s'allonger sur son lit. Le temps passe, et après un bon paquet de minutes, le petit lapin blanc retrouva son état normal. C'est alors qu'elle réalisa que son rendez-vous était.. pile à cet instant. Elle fonça alors attraper le matériel nécessaire, et sortit du loft sans prendre la peine de se changer. Une demie heure plus tard, elle entrait dans le café. Ses joues étaient rougies par la précipitation, et sa minijupe patineuse violette volait autour de ses minces jambes élançées - encore plus que la normale, ses derbys vernies Sergio Rossi à talons aiguilles la grandissant. Tous les étudiants présents dans le café - pour être honnête, pas tout à fait, il n'y avait que 90% de gars - la regardaient. Ah non, pas Ezékiel. Shit, shit, SHIT - c'est le cas de le dire. Elle traversa la salle jusqu'à son petit premier choix, se posta directement en face de lui tout en enlevant son perfecto en cuir noir Rock & Republic.

« Désolée pour le retard, j'ai eu, disons, un petit problème technique. »

Elle lui adressa un sourire, se retourna pour constater avec agaçement que tous les types étaient en train de parler d'elle et/ou de la fixer comme si c'était la plus belle femme du monde. Elle haussa les épaules, s'assit, et commanda deux cafés bien sérrés - comme d'habitude, et de toute façon, il fallait ça à la jeune fille pour s'efforçer de ne pas hurler que c'était elle qui avait pirater les ordinateurs du CDI la semaine dernière. Elle posa sur la table un longchamps fuschia plein à craquer, en sortit un MacBook dernier cri bleu ciel, un MacAir vert pomme et des tas d'autres trucs. Pourquoi fallait-il que ce gars soit si compliqué? Tous les autres rêvaient d'elle, étaient transis du moindre de ses gestes, mais lui non. Bordel, elle en avait parfois marre de se pencher en avant jusqu'à dévoiler tout son soutien-gorge pour un gars qui s'en tapait royalement - si il n'avait pas été aussi diablement sexy, elle aurait lâché l'affaire.

« On reprend avec la connection ADSL? Oh, au fait, j'ai acheté une extention de mémoire, regardes. »

Elle posa alors sur la table une carte mémoire pour portable, et lui lança un sourire fier, comme si elle était trop conne pour savoir ce que c'était. Elle se mordit alors la lèvre pour ne pas éclater de rire. Sans mentir, elle était plutôt euphorisée par ce jeu, et surtout par sa nouvelle idiotie. Elle ouvrit alors son PC, trouva le moyen de vérouiller la session au lieu de l'ouvrir, et renversa du café sur le chargeur de batterie qui grésilla avant de s'éteindre. Vous n'imaginez même pas l'once d'une seconde comme c'était amusant pour elle, qui avait retravaillé une version de Works, de faire comme si son QI ne dépassait pas celui d'une feuille - morrte, qui plus est.

Un petit problème technique ? Elle avait eu un petit problème technique. God. A cet instant l’esprit tordu d’Ezékiel c’était mis à surchauffer. Bien qu’il ne voulait pas savoir, sa conscience lui disait le contraire. C’était plus fort que lui. Une partie de jambe en l’air trop pressente ? Un rail de coke dont le besoin s’était avéré plus important que la ponctualité ? Avec Bunny, on pouvait s’attendre à tout, c’était sans doute pour cette raison que la curiosité rongeait le jeune étudiant à chaque fois que ses yeux croisaient la jolie brune. Elle avait cette air innocent mêlé au regard brûlant d’une fille prêt à tout pour avoir ce qu’elle désir. C’était encore plus étrange que parfois un sourire confiant remplaçait son sourire niais. Celui qu’elle arborait à chaque fois qu’il se voyait ici même. Ce même sourire niais qui exaspérait Ezékiel autant qu’il le faisait rire intérieurement. Il n’y prêtait cependant pas plus attention que ça. Si il lui donnait des cours ce n’était sûrement pas par pitié et encore moins pour l’argent. A vrai dire, lui-même ne savait même pas pourquoi il avait accepté ce job complètement inutile. Qu’es qu’il en retirait ? Rien mis a part perdre deux heures de sa journée. Deux heures qu’il aurait pu passé à faire autre chose.

« Comme d’habitude. » Rétorqua-t-il en haussant des épaules. « Tu ne devrais même plus t’excuser. Ce n’est plus la peine. » Un sourire se dessina sur ses lèvres. Un sourire presque sympathique.

Il la regard s’installer. C’est vrai qu’elle était plutôt jolie - quoi que plutôt serait sûrement un euphémisme avec Bunny -. Non, c’était surtout son regard qui intriguait Ezékiel mais bien trop occupé à lui expliquer le fonctionnement d’un ordinateur, jamais il n’avait laisser entre voir ce qu’il pensait. Même lorsqu’elle se penchait en avant, oui oui parce qu’elle se penchait tellement qu’il était facile d’apercevoir son soutien gorge. D’ailleurs, il ne comprenait toujours pas pourquoi elle faisait ça. Mais a chaque fois, qu’elle le faisait - exprès ou non - Ezékiel s’obligeait à fixer son ordinateur. Il n’était absolument pas de ce genre là, bon même si il avouait passé parfois sur des sites plus ou moins chaud mais regarder dans le décolleté des filles, il laissait ça aux autres. A ces hommes, qui débordant d’envie de lui arracher ses vêtements, la fixait, leurs langues presque pendantes. Punaise, comment pouvait- elle apprécié de tel regard ? Ca en venait presque pornographique et encore il mesurait ses mots.

Puis, elle entama la conversation. D’accord, il devait reprendre avec la connection ADSL mais avant, elle lui montra une extension de mémoire qu’elle avait acheté. Il attrapa l’extension qu’elle venait de poser sur la table et l’examina. Mouais. Mais très vite, la tornade Bunny fit des ravages. Écarquillant les yeux, il essaya de se contenir. Comment pouvait-on être aussi .. Maladroite. Le chargeur de son portable grésilla puis rendit l’âme. Bien joué. Elle n’avait plus qu’à en acheter un autre.

Instinctivement, il posa sa main sur la nuque, signe d'agacement, tout en secouant la tête.

« C’est moi ou tu es pété de thune ? » Il soupira et repris « Tu n’as plus qu’à changer ton chargeur. C’est vraiment pas très malin. » Après tout, si elle avait de l’argent à foutre en l’air, c’était tant mieux pour elle. « C’est une machine de précision, tu devrais y faire plus attention. »

Idiote ou non, Bunny était parfois exaspérante. M'enfin.

« Tiens, je t’ai trouvé le programme que tu m’as demander la dernière fois. » Il sorti sa clé usb de son sac et la tendit à Bunny pour finalement s’apercevoir qu’elle avait aussi verrouiller sa session je ne sais comment. Sans vraiment s’en rendre compte, un rire s’échappa des lèvres d’Ezékiel.

« Sérieux Bunny, tu le fais exprès ou bien ? » Il se leva et fit le tour de la table pour se mettre derrière elle. Puis, il se pencha pour que ses mains atteignent le clavier du Mac. Il ne remarqua même pas que les cuisses dénudées de Bunny appelait son regard. Non, non. Ses yeux s’étaient posés sur l’écran de l’ordinateur. « Tu n’es vraiment pas douée avec un ordinateur. » Oui, seulement avec un ordinateur. Puisque d’après les rumeurs, elle était plus que douée pour autre chose. Hum.

Bunny Carter. Rien que ce nom était déjà considéré comme une légende, et la personne en elle-même était à peu près aussi célèbre dans Sydney que l'Oncle Sam aux Etats Unis. Elle était à elle seule un béritable mythe, une sorte d'icône élevée au rang de déesse par ses adorateurs - je n'exagères même pas, vu le nombre de fanatiques qui couraient après la belle en éspérant qu'elle dépose un présent sur leur hôtel, si vous voyez ce que je veux dire. Et pourtant, la divinté en question n'avait pas l'air d'intéresser Ezékiel, qui avait l'air aussi froid qu'un iceberg lorsqu'il s'agissait de la belle. Pas un décoletté, une jupe courte, une paire de talons aiguilles, un jetté de cheveux, une nuque dégagée n'avait sû venir à bout de l'indifférence du jeune geek. Pourtant, bizarrement, B. ne désespérait pas. Elle continuait à jouer les adorables écervelées pour tenter de lui plaire, d'obtenir un minuscule compliment, de décrocher le plus infime des sourires. C'est vrai qu'elle ne devait pas être exactement comme lui, à moins qu'il ne soit branché nuit blanche à baiser jusqu'à en avoir des courbatures puis un petit peu d'ecstasy, pour l'éclate. Il avait pluôt l'air d'aimer les soirées seul avec son ordinateur, l'esprit plongé dans des tas de machins compliqués - que Bunny comprennait parfaitement. Avec un peu de recul, peut-être que la meilleure des solutions aurait encore été de se montrer sous son véritable jour : une petite intello en matière d'informatique, rien de plus normal quand votre grand-père a financé les trois quarts des recherches Apple des vingt dernières années. D'ailleurs, cette anecdote aurait pû plaire au Mr Hewitt, mais passons. Le problème, c'est que la nature de la demoiselle comportait également une part d'ombre que ce genre de types ne pourrait certainement pas cautionner. Des tas de rumeurs circulaient sur elle : comme quoi elle était le meilleur coup de toute l'Australie, un corps de rêve qui semblait sorti d'un studio cinéma, une capacoté extraordinaire à vous donner le barreau coûte que coûte et à user toute une boîte de capotes. Si ces potins étaient la plus stricte vérité et attiraient toute la côte masculine dans ses filets, pour Ezékiel, le sujet était bien plus complexe.

« J'ai été bien éduquée, contrairement à ce que tu crois. Si je ne suis pas fichue d'arriver à l'heure, je sais au moins m'excuser. »

Fallait pas éxagérer non plus. C'est vrai, un petit imprévu, ça peut arriver à n'importe qui, lui y compris - bien que la petite princesse ait un problème évident avec la ponctualité et/ou les emmerdes, voilà ce qui arrive lorsqu'on mène sa vie comme Paris Hilton. Bref, elle fit alors sa petite moue pseudo-véxée en réalité un peu boudeuse, qui faisait fondre tout le monde. La totalité des garçons du café, qui avaient tous les yeux rivés sur elle et avaient des pensées pas catholiques du tout à l'égard de la brunette, se ramolir comme du caramel en plein soleil en voyant le délicieux visage de Bunny se feinter d'une expression si radieuse. Elle pointa alors son doigt près du visage d'Ezékiel, le foxa de ses grands yeux de biche - d'une couleur émeraude à se damner - et dit en riant, d'une voix qui se voulait choquée :

« Je rêve ou tu as .. sourit? »

Humour. Elle se mordit la lèvre inférieure, ses dents parfaitement blanches et alignés croquant sa gourmande peau rouge-rose. Elle lui srtait le grand jeu, mais d'une façon tellement simple que c'était alors tout son naturel qui séduisait. C'était étrange, cette façon qu'elle avait d'allumer les garçons : ainsi, elle faisait des efforts pour être jolie et prenait soin d'elle, mais c'était surtout sa manière profonde d'être, d'agir; son physique tout entier qui les faisait tomber un par un. Elle le fixa droit dans les yeux - qu'il avait d'un bleu océan dans lequel elle se serait volontiers noyée. Merde alors. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il pensait d'elle : la trouvait-il canonissime, comme tous les autres mâles de ce monde, ou au contraire aussi gourde qu'un molusque en plein émulsion? C'est vrai que ce petit tour qu'elle lui jouait était vraiment salop, mais le jeune homme aurait dû être flaté que la fille la plus ardamment désirée et populaire de la métropole s'intéresse à lui. Même Dot, l'illustre meilleure amie de Carter numéro 2, répétait à longueur de journées à sa copine favorite qu'Ezékiel n'en valait pas la peine. Et malgré celà, Bunny persistait à y croire. Faut dire qu'il était vraiment totalement et simplement.. parfait. Beau, intelligent, gentil, attentionné - je vous passes tout le tralala de la fille néoromantique - et beau, beau, sublime. Les deux étudiants étaient genre le couple idéal - en fait non, le fabuleux et sexy lapin blanc était plutôt le genre reine du lycée qui finit avec un footballeur ou un surfeur et fait une tonne de jaloux et envieuses. Celà dit, elle avait envie de voir ce que ça pourrait donner. Des sportifs, des bad boys, des playboys, elle en avait connu des tas.. Connu intimmement, dans les moindres détails. Ils avaient tous été amoureux d'elle, transi, mais sans rien en retour.

« Disons que côté compte en banque, j'ai pas de soucis à me faire. J'en ai jamais eu à vrai dire. » Elle marqua une courte pause, et baissa les yeux, les fixant sur ses ongles manucurés à la française, terminant ses mains fragiles si douces et désirables. « Je voulais vraiment te remercier de ce que tu fait, tu sais. C'est adorable de ta part, surtout que je suis pas vraiment un cerveau en la matière. »

Elle esquissa un faible sourire un peu gêné - un peu calculé aussi, mais bon. Sa façon de rougir sur le coup était purement craquante, même lui serait forçé de le reconnaître. Des filles comme Bunny, on en rencontre qu'une dans sa vie. Entendez par là, aussi unique : elle avait du caractère à revendre et un tempéramment bien trempé, une capacité mentale hors normes malgré ce que pensait son professeur multimédia, et un physique qui dépassait de loin l'imagination. Gâtée donc serait un euphémisme pour parler du petit phénomène. Soudain, Ezékiel se posta derrière elle pour tenter de réparer ses énormes conneries - y'a pas d'autres mots, elle auarit vraiment été la dernière des connes si elle avait vraiment été si stupide. Elle ne prit pas le temps de répondre à ses trois dernières répliques, une occasion en or se présentatit. Tant pis si elle ne lui baisait pas les pieds pour le foutu programme qu'il avait trouvé - et qu'elle avait déjà, sur un autre PC. Tant pis si elle ne prenait pas la peine de feindre la gêne et de lui faire deviner son intelligence cachée. Le divin geek était tellement occupé à déverouiller la session qu'il ne remarqua même pas à quel point Bunny était ravissante - le mot est faible - dans son dos-nu noir Prada, qui faisait remarquablement ressortir son bronzage estival et mettait en valeur ses formes si exquises. Elle entortilla alors ses cheveux autour de son index, et les déposa sur une de ses épaules, laissant dégagée sa nuque à la limite du classé X. Elle tourna alors son visage parfait, jusqu'à se retrouver si près de celui du Hewitt que leurs souffles se mélangeaient. Elle leva ses yeux vers lui et intensifia son regard. Puis, quand elle fut certaine que tout gars normalement constitué repenserait à cette scène jusqu'à la fin de ses jours dans le moindre de ses revivals pornos, elle déposa un baiser doux, chaud, suave et sucré sur sa joue.

« Je peux te demander ton avis sur quelque chose? » Sans attendre de réponse, elle poursuivit - toute façon, elle était si bonne qu'on pouvait rien lui refuser. « Y'a ce gars que j'aime bien, mais il ne saît même pas qu'on est sur la même - cyber - planète. Il est différent tu vois, pas le genre à baver sur mes fesses ou quoi. A ton avis, je lui plais pas physiquement? Ou il est juste guay? »

Son air enfantin si odieusement diabolique pouvait alors ôter toute once de narcissisme de sa voix.

« Contrairement à ce que je crois ? » Même si la ponctualité n’était pas l’une des qualités premières de la jeune Carter, Ezékiel avait quand même le décence de ne pas juger Bunny juste sur ses retards. « Je n’en ai jamais douté. Je ne suis pas un de ces gars qui juge à tout bout de champs. » Rétorqua-t-il simplement.

Au fond, ne jugeait-il pas Bunny lorsqu’il s’exaspérait de voir que devant un ordinateur, elle ne valait pas mieux qu’un gamin de 3 ans ou que ses pensées tendaient à croire qu’elle n’était pas une fille un minimum intelligente ? Cependant, le comportement de Bunny ne faisait que justifier le jugement d’Ezékiel et de ce qu’il pensait d’elle. Oh oui, Bunny était une fille vraiment sympathique mais en dehors avait-elle de la conversation ? Pensait-elle à autre chose qu’à écarter les jambes et avaler des petites pilules bleues ? Il en doutait. Certes, les rumeurs n’étaient pas toujours vraies mais Ezékiel sentait qu’avec Bunny, ça pouvait n’être que la dure vérité. Il ne cautionnait pas cette façon d’être alors il s’imaginait mal avoir des pensées plus qu’amicales pour Bunny. Leur chemin était différent et leur existence aussi.

Elle pointa son doigt vers lui. Son sourire se faisant plus large à mesure que le regard de Bunny se plongeait dans les siens. Il écarquilla les yeux dés que sa remarque s’échappa de ses lèvres.

« C’est si étrange que ça ? » Répondit-il lui-même choqué mais amusé par la réflexion de Bunny. C’était vraiment si rare de le voir sourire ? Il fallait le croire. Ezékiel n’avait jamais vraiment fait attention à ce genre de détail. Sourire n’était pas ce qu’il savait faire de mieux et pourtant. Revenant à ses yeux, Ezékiel constata qu’il était d’un vert émeraude aussi époustouflant qu'incroyable. Son regard était. Il n’aurait sur dire quoi. Depuis qu’il lui donnait des cours, il n’avait jamais remarqué qu’elle avait « le regard qui tue ». Celui dont personne ne peut échapper même pas le jeune Hewitt. Il s’obligea cependant à regarder ailleurs. C’était vraiment gênant, du moins pour lui.

Ah donc, elle était pété de thune. Ce ne fut pas une grande surprise pour Ezékiel qui l’avait déjà flairé. Alors qu’il allait faire une remarque sur le faite que ce n’était absolument pas une raison pour bousiller un chargeur, elle commença à le remercier.

« Oh ! » Il baissa les yeux, sentant son visage devenir chaud. « Euh … Tu n’as pas à me remercier Bunny. » Surpris, il resta un instant à la regarder sans vraiment savoir si c’est elle qu’il regardait ou si il essayait de lire en elle. Le rouge lui monta immédiatement aux joues. A vrai dire, les remerciement comme les compliments, ce n’était absolument pas ce qu’Ezékiel était habitué à entendre surtout de la part d’une fille. Mais la surprise était encore plus forte lorsque cette fille, c’était Bunny Carter. Elle voulait être simplement gentille ou cherchait-elle à obtenir quelque chose de lui ? Ezékiel opta pour la première solution. Bunny manipulatrice ? Sans doute mais pas avec lui, du moins il l’espérait. Si c’était bien quelque chose qu’il détestait, c’était qu’on lui mente et qu’on le manipule. Non non Bunny ne pouvait tout simplement pas être comme ça, pas celle a qui il donnait des cours.

« Je le fais parce que j’en ai envie. Tu es vraiment une fille sympathique. Spéciale mais sympathique. » En relevant les yeux, il constata que le rouge était monté aussi aux joues de Bunny. C’était craquant, Ezékiel ne put que l’admettre. Comment aurait-il put faire autrement ? C’était impossible.

Il s’était alors posté derrière elle pour réparé ses bêtises comme toujours. Lorsqu’il tourna son regard vers son élève, son souffle se mélangea avec celui de Bunny. Son visage était proche, trop proche du siens pour que ce ne soit pas voulu. Son regard dans le siens, un frisson descendit le long de son dos. Pourquoi elle faisait ça ? Immédiatement, la situation gêna Ezékiel qui à cet instant ne savait plus quoi faire. Il n’eut cependant pas le temps de faire quoi que ce soit que Bunny déposa un baiser sur sa joue. Un baiser tellement agréable, que les yeux d’Ezékiel se fermèrent naturellement pendant une seconde, toute au plus. Lorsque ses yeux reprirent possession du regard de Bunny, ce n’était plus rose que ses joues étaient mais bel et bien rouge. C’était quoi ? Une sorte d’appel ? Complètement largué- il fallait bien le dire - Ezékiel eut du mal a retourner dans le présent où Bunny venait de lui demander un avis.

Il analysa alors la phrase qu’elle venait de dire. C’était encore une allusion ou une perche ? Ou alors rien du tout. Ezékiel était bien trop inexpérimenté en la matière pour savoir discerner le faux, du vrai. Tant pis, il se lança.

« Tout dépend de qui tu parles. » Il haussa des épaules, sentant son pouls s’accéléré subitement. « Peut être que vous êtes de la même planète mais pas forcement du même monde. »

Il déverrouilla la session de son ordinateur mais ne repris pas pour autant sa place.

« Pourquoi ? » Fronçant des sourcils, il essaye en vain de savoir jusqu’à où elle voulait en venir.

Puis, il rejoignit enfin sa place. Finalement, il ferma son ordinateur, sentant que le cours n'allait pas prendre la tournure habituel.

« Je peux te poser une question Bunny ? » Mais contrairement à elle, il attendit qu’elle lui donne sa réponse.

L'espace d'une seconde - une seconde de connerie profonde, avouons-le - Bunny faillit tout avouer à Ezékiel. Que non, elle était loin d'être conne et nule en informatique, mais qu'elle avait fait tout ça pour ses beaux yeux, pour qu'il lui accorde un peu d'attention au minimum. Mais elle ne pouvait pas faire ça. Ca ne rimait à rien, juste à ruiner tous ces efforts qui, ce jour-là, commençaient à payer. Il la regardait. Et dans ses yeux, B. voyait bien qu'il n'était pas aussi sourd à ses appels - entendez par là, ses jupes ras-la-chatte et ses mordillages de lèvres à vous filer des gerçures incroyables. C'est à cet instant précis que Jimmy, le pseudo-dealer qui rinçait la brunette comme une catin en éspérant obtenir d'elle une nuit au septième ciel se pointa dans le café avec ses potes camés jusqu'au trognon. Putain. Bunny sentit une montée de chaleur soudaine - malheureusement pas provoquée par des caresses du beau geek - et tenta de faire comme si de rien n'était. Elle ne paniquait pas, non - je vous rapelle qu'il s'agit de Bunny Carter, miss j'ai-plus-de-self-controle-que-toute-l'équipe-de-boxe-autralienne-au-complet. C'est juste que si cet espèce de connard venait lui parler bang ou kama-sutra, bien que le jeune professeur de la belle soit au courant, elle serait définitivement grillée. Cette hypothèse, celle d'un échec, étant purement innenvisageable, Bunny se redressa sur son siège et afficha un sourire mielleux à en crever tellement il était délicieux.

« Ce n'est pas que je ne veuilles pas être à l'heure, mais ma vie est juste trop compliquée. Y'a toujours un imprévu. » Elle baissa la tête un instant, puis la releva en secouant ses boucles presque noires si bien domptées et se mordilla la lèvre, qui sentait encore la fraise. « Oh, cool. Les gens me jugent toujours, alors qu'il ne me connaissent pas. Enfin ils croient que si, mais il y a quelque chose derrière tout ça. »

Par tout ça, elle entendait évidemment son attitude fière et méprisante, son allure de mannequin, son côté BCBG froid et prétetieux, son flair pour repérér les futurs succès de la collection Roberto Cavalli, son aptitude à marcher avec des escarpins vertigineux Chanel même bourrée et défoncée. Elle parlait de tout ce qui faisait d'elle qui elle était, d'une façon un peu martyre style Cendrillon des temps modernes réellement attendrissante. Jimmy le boulet était juste derrière elle, elle pouvait sentir son atroce odeur de Kenzo pour homme flotter dans l'air. Elle ferma les yeux un instant, partagée entre l'envie de le voir disparaître et celle de devoir chercher un autre moyen de s'approvisionner en cocaïne si celà arrivait. Lorsqu'elle les rouvrit, elle se retourna en faisant mine de recaller son blouson sur le dossier de la chaise et fit signe au jeune premier qu'elle était occupée et que s'il s'avisait de faire un pas de plus dans sa direction, elle ferait de sa vie un enfer. Elle fixa de nouveau Ezékiel, puis attrapa sa batterie désormais bousillée et la laissa tomber dans la poubelle juste à côté. Avant même qu'elle n'ait le temps de réfléchir à la prochaine sottise qu'elle allait faire, étonnant encore le jeune homme par son manque de déxtérité et son QI de poule d'élevage, celui-ci lui répondit, un sourire encore plus large sur ses lèvres - que Bunny auarit bien volontiers embrassé sur-le-champ.

« Un peu. Jusque là, tu as plus soupiré à mes bétises qu'autre chose. Mais si j'arrive à te faire sourire, c'est bon signe, non? »

Elle lui adressa un malicieux regard en coin, et tenta de lançer un site de musique sur Internet. Là, elle brisa les tympans de tout le quartier avec la dernière chanson de Britney Spears. Ezékiel se précipita sur le bouton du volume et le coupa net, ce à quoi B. répondit par un haussement d'épaules faussemnt gêné. Une adorable idiote, une sublime maladroite, plus douée au lit qu'avec un ordinateur et avec plus de sex-appeal que de points intellectuels.. au mieux, voilà pour quoi la prenait Ezékiel. Au mieux. Kenya, la soeur aînée de Bunny, lui répétait sans cesse d'arrêter ce cinéma et de lui dire la vérité. Selon sa théorie, il appréçierait sûrement plus son honnêteté que ce jeu de bécasse auquel elle se livrait chaque jeudi soir. Mais B. était persuadée que, de la part d'une fille incapable de draguer un gars sans lui faire un rentre-dedans immité de Dirty Dancing, les conseils en matière d'émotions étaient une blague des plus comiques. Elle ferma alors le PC d'un coup sec, manquant de peu de bousiller l'écran en l'éclatant. De toute façon, comme l'avait souligné son prof' improvisé, la thune n'était pas un problème. Elle en rachèterait un, au pire - le jour où son père adoré lui copait les vivres, elle se couperait les veines; et de toute façon, sa meilleure amie lui avait toujours prévu une mort de rockstar. Elle repporta son attention sur le jeune homme, toujours situé derièrre elle depuis qu'elle avait fait planté le MacBook en beauté. Apparemment, il n'était pas habitué aux compliments et n'aimait guère ça. Dommage. Plutôt normal, si cotoyer la gente féminine était moins fréquent pour lui qu'une visite sur Meetic. Et dire que Bunny voulait simplement faire connaissance et plus si affinitées, lui ne voyait strictement rien. Elle trouva alors adorable sa façon de rougir dès qu'elle lui trouvait quelque chose de positif, tout comme cette façon qu'il avait d'être déstabilisé au moindre coup d'oeil qu'elle lui lançait.

« T'es un peu spécial aussi, tu sais. Mais donc, tu m'aimes bien. »

Elle semblait juste réfléchir à voix haute, et parlait d'une voix suave super sexy quoiqu'un peu évasive. Elle se retourna de nouveau vers lui - après son baiser sur sa joue, qu'il avait visiblement surkiffé, à en juger par sa tête béate de bonheur. Se pourrait-il qu'il ai décocé le language Bunny? Sa réplique sur le même univers mais pas le même monde agaça la demoiselle, qui prit cet air capricieux en fronçant le sourcil - remarquablement désirable, on avait alors envie de la prendre dans ses bras pour qu'elle arrête de bouder. Absurde. Il était sur la même planète, c'est juste qu'Ezékiel ne voulait pas s'en rendre compte. Il préfréait sûrement ses cyber-relations avec des polonaises n'étant en réalité que des homosexuels ayant besoin de certaines paroles pour assouvir des besoins très humains. Elle décroisa les jambes puis plia un de ses genou et se rassit sur le tabouret. Ses longues guambettes de rêve étaient alors encore plus visibles, et tous les gars du café se mirent de plus belle à baver sur la jeune fille. Elle se posta alors façe à son interloccuteur.

« Parce que le gars en question te ressemble, alors je me suis dis que ton avis pourrait m'être utile. »

Elle dévia la première question, puis esquissa un sourire. Ensuite, elle hocha la tête pour lui démontrer qu'il pouvait lui demander ce qu'il voulait, aussi bien qu'elle l'initie à ses beuveries journalières qu'un cours particulier dans son appartement. Bordel, qu'allait-il lui demander? Bunny était curieuse de nature, mais là..

Sa vie était compliquée, il n’en doutait pas. Entre les parties de jambe en l’air à deux ou à trois et les soirées Freestyle où elle enfilait plus de coke qu’un de ses junkies de new York, c’est vrai qu’il y avait de quoi avoir une vie compliqué. Mais elle avait l’air de se satisfaire de cette vie, d’être une fille juste bonne à baiser. Du moins c’Est-ce qu’Ezékiel compris dans ses paroles. Jamais, il ne l’avait vu dire que ses rumeurs étaient fausses. C’était comme si, elles étaient juste normales. Après tout, c’est vrai, il avait Bunny Carter en face de lui tout les jeudis. Un semblant de réflexion lui effleura alors l’esprit. Et si .. Bunny voulait l’ajouter à sa liste de chasse ? C’était possible nan ? Intérieurement, il se mit à rire de sa connerie. Non ce n’était pas possible. Les geek comme lui n’était absolument pas le genre de la jeune Carter. Enfin, il le pensait sans jamais savoir qu’en réalité, Bunny comptait bien voir l’anatomie d’Ezékiel. Mais encore fallait-il qu’il accepte de voir ce qui se passait devant ses yeux. Alors qu’il partait dans des pensées plus stupides les une que les autres, un mec entra dans le café. Encore un junkie. Son visage était bouffé par la drogue et ses potes n’étaient certainement pas mieux. Comment pouvait-on accepter d’être comme ça ? Ezékiel se le demandait. Il préférait encore n’avoir aucune vie sociale et passer le clair de son temps, devant un ordinateur.

Il regarda l’inconnu un instant et reposa ses yeux sur Bunny. Oh ! Il y avait quelque chose derrière ? Elle venait de l’avouer. Il haussa des épaules et répondit. « Il te juge parce que tout ce que tu fais, les gens n’ont pas l’habitude de le voir. » C’était bêtement vrai. Qu’elle contrôle sa vie ou non, qu’elle couche avec un gars chaque soir sans jamais dire stop, ce n’était pas quelque chose d’habituel. Pour quelqu'un de normalement constitué après tout.

Ezékiel se mit alors à observer Bunny. Elle venait de fermer les yeux. Les traits de son visage étaient parfaits, il n’y avait rien à redire. C’était ca le problème. Elle était trop parfaite. Elle contrôlait tout, autant sa vie sexuel - bien active il n’y avait aucune doute - que sa vie d’étudiante, que tout le reste. Jamais Bunny Carter ne ferait un faux pas et pour cause, elle était bien trop parfaite. Sur une échelle de 1 à 10, elle était le 10, il devait être le 1 ou le 2. Pourquoi s’intéresserait-elle donc a lui ? Secouant la tête puisque ses réflexions absurdes revenaient au galop, il s’aperçut que Bunny venait de se retourner, feintant de remettre son blouson en place. Il fronça des sourcils et compris en un quart de seconde, qu’elle le connaissait. Son dealer sans doute.

« Tu le connaît ? » Il voulait s’en assurer tout en étant presque sûr que c’était le cas. Même si sa vie ne le regardait pas, sa curiosité l’obligeait à vouloir savoir, à vouloir analyser.

« Si je soupire Bunny c’est que je n’ai jamais vu quelqu'un d’aussi maladroit et encore le mot est faible. » Un léger filet de rire se mêla à l’air ambiant puis se perdit dans les méandre du café. « Mais je pense que oui, c’est bon signe. »

Puis une fois encore, il eu le plaisir de voir la maladresse de Bunny. Ses oreilles bourdonnantes, il s’était dépêcher d’éteindre les hauts parleurs de son mac book. Finalement, elle l’avait fermé si violemment que la seule chose à laquelle il pensa, c’était comment son ordinateur pouvait encore fonctionné.

Il était spécial. Ezékiel le pris comme un compliment. Être un mouton de panurge parmi tout les autres, ce n’était pas son truc. Suivre la mode, suivre le code dicté par tout ses gens à la Bunny Carter, non plus. Et c’est pour cette raison, qu’au fond sa vie sociale n’était pas aussi remplie que celle de son élève. Il ne couchait pas avec toute ce qui lui passait sous le nez et qui le mettait en émoi - si tenté qu’elle le met -, il ne prenait aucune drogue, n’avait jamais fumé de sa vie, ni n’avait pu d’alcool. Autant dire que sur le campus, c’était un ovni, un mec un peu coincé qui pourtant ne l’était pas vraiment mais qui a cause de son statu de geek n’avait aucun intérêt à aller vers les autres. Mais oui, il l’aimait bien. Il aimait bien sa maladresse qui était parfois agaçante mais touchante. Il aimait bien aussi la façon qu’elle avait de le regarder avec un air enfantin qui disait non ne me gronde pas. Il l’appréciait certes mais il appréciait une Bunny qui n’existait pas. Il ne le savait juste pas.

« Disons que passer mes jeudi avec toi, c’est devenu une habitude que j’aime grandement. »

Elle repris alors cette air capricieux, cette façon de lui dire que c’est elle qui menait la danse, qui contrôlait tout et qu’elle n’avait qu’a claqué des doigts pour que les mecs rapplique pour lui arracher ses vêtements et assouvir ses envies de nymphomane. Qu’il détestait cette air, qu’on le prenne de haut, c’était tout simplement une horreur. Heureusement, Bunny ne le faisait que rarement en sa présence. Un instant, il voulu regardé ses jambes. Il la maudissait d’être aussi attirante tout en étant aussi naturel, mais encore une fois Ezékiel resta - avec mal - plutôt calme, gardant ses yeux sur son écran.

Il avait ensuite rejoint sa place. Un autre sourire fendit le visage du jeune Hewitt qui fut contraint de comprendre où elle voulait en venir. Il posa les deux mains sur la table, et plongea son regard dans celui de Bunny.

« Dit plutôt que tu parles de moi, ça ira plus vite. » Une lueur de malice illumina son regard et ramenant ses mains contre lui, il continua avec sérieux, en priant dieux qu’elle parlait effectivement de lui. « Je ne suis pas idiot Bunny, loin de là. » Son regard se fit alors plus intense à mesure qu’il comprenait. En faite si, il était un idiot. « Certes, tu es très attirante, parfaite et tout .. » Ezékiel s’arrêta un instant comme pour réfléchir à ce qu’il allait dire. Si il tenait tête à Bunny, qu’es qu’il se passerait ensuite ? Il soupira et pris une micro bouffé d’air « mais je ne veux pas être l’un de tes jouets, c’est aussi bête que ça. J’apprécie ta compagnie mais je ne pense pas être le genre de gars qu’on jette comme une chaussette et je ne veux vraiment pas être ce genre de gars. »

Il soupira une nouvelle fois, plus par dépit qu’autre chose.« C’est pour ça qu’on est pas du même monde. » Si elle ne le comprenait pas tant pis. Finalement, il avait oublié ce qu’il voulait lui demander. Il regarda une dernière fois miss Carter et dévia ses yeux. Puis, il se mit à ranger son ordinateur, sans regarder une seul seconde Bunny. Il espérait juste que ses cours n’étaient pas qu’une excuse pour le mettre dans son lit.

Soudainement, il retrouva sa question. Relevant les yeux, il chercha Bunny du regard. « Je voulais savoir, si les rumeurs qu’on disait étaient vrai ? Vu que ce ne sont que des rumeurs, ça peut être faux comme vrai. » Fit-il en fermant la sacoche de son ordinateur.

[ >.< ]

Bon, peut-être que ce canon d'Ezékiel n'était pas si con que ça, puisqu'il avait très bien compris la feinte de sa belle élève. Il avait peut-être même aussi calé quel relation elle entretenait avec Jimmy - quoique, à ses yeux, elle devait le baiser en échange d'un peu de LSD, ce qui n'était absolument pas le cas, au grand désespoir du dealer. Tant pis. La situation était déjà en train de prendre une tournure aussi innatendue qu'incontrôlée, et Bunny détestait ça. Elle éxecrait cette sensation que tout vous file entre les doigts sans que vous n'y puissiez rien, et que lorsque vous tentez de changer le cours des choses, tout empire d'une façon considérable. Elle n'avait pas l'habitude de ce cirque, ne pas décider de ce qu'il se passe, comment celà se passe et avec qui celà se passe. B. était comme ça, une véritable dictatrice dans son monde : effectivement, celà pouvait être fort agaçant de cotôyer une fille aussi minutée, aussi parfaite, mais il s'avère en fait que les gens adoraient ça. Ils savaient qu'ils pouvaient se reposer sur elle, qu'elle prenait toutes les décisions et qu'ils n'avaient pas leur mot à dire - ce qui pouvait être aussi frustrant que rassurant, en vérité. Elle tenta de lire dans les pensées du jeune geek, par une sorte de méchanisme constitué d'adorables fronçements de sourcils et de coups d'oeil baladeurs vers la mine du bl intello. Mais rien à faire, il restait pour elle un vrai mystère, une sorte de forteresse impénétrable, un mur de briques dénué d'émotions - ce qui le rendait passablement sexy, ce petit côté piquant-secret.

« Pourtant, dans les grandes métropoles, ce qui est censé être agréable, c'est qu'on ne te juges pas, qui que tu sois, quoi que tu fasses. »

Sauf que la règle des grandes cités n'était pas valable lorsque l'on s'apelle Bunny Carter, qu'on est plus célèbre que Kate Moss sans jamais avoir arpenté un défilé et qu'on passe ses soirées à boire des tonnes de Cosmo jusqu'à ce qu'ils vous déshydratent étrangement, fumer des tas de joints et/ou se laisser tenter par l'héroïne dans un excès de zèle, s'envoyer en l'air avec tout l'effectif masculin de la discothèque. Le merveilleux petit lapin blanc avait d'abord choisi de mener ce mode de vie aussi frivole qu'insousciant, puis le contrôle lui avait échappé. Elle avait perdu les pédales dans cet univers dans lequel elle était idôlatrée. Les compliments lui étaient montés à la tête, elle avait commençé à perdre la notion même du mot "acceptable". Elle avait entrepris une chute lente, qui l'avait ammené peu à peu au royaume de ala dépravation, sur lequel elle avait fini par régner. Tout ça était arrivé parce que Sydney avait besoin d'une It Girl, d'une icône, et l'avait choisi. Comme dirait un vieux proverbe incas, on ne fuit pas son destin, de toute façon il finit toujours pEr vous rattraper. Alors peut-être que préférer un cachet d'X à une crème glacée cookies-caramel, débourser l'équivalent d'un salaire normal pour une paire de bottines Armani, choisir de passer pour la salope de service était abhérant aux yeux d'Ezékiel. Mais lui qui prônait la différence, la tolérance - et toutes ces autres foutues valeurs de baba cool -, il n'avait pas tellement chercher à la connaître VRAIMENT avant de décider si les apparences étaient trompeuses ou non. Forçément, il pensait que son statut de superstar était ce dont elle avait toujours rêvé. Forçément, il pensait avoir raison sur toute la ligne en disant qu'être entourée d'une foule de disciples et d'amirateurs avait été son unique but jusque là. La belle brunette appréçiait son professeur du jeudi soir parce qu'il était supposé s'en foutre de tout ce cinéma - le signe de Chanel sur sa petite culotte, le fait que son vernis s'écaille, son mascara qui faisait des siennes, son répertoire archi-blindé, sa mère totalement barge, sa peur du noir - et voir au delà de ces futiités. Bien que çe soit ce qu'il prétende, Bunny savait pertinnement que, depuis le début, il avait décrété qu'elle n'était qu'une petite princesse peste, froide, superficielle, hautaine, dévergondée et excessive. Peut-être que s'il lui avait laissé une chance, elle aurait vraiment été différente. Mais ça n'avait pas été le cas, soyons réaliste.

« Ouais. C'est mon fournisseur privé - c'est ce que tu voulais entendre. Satisfait? »

Elle lui lança un regard noir, et sa voix était aussi agressive que méchante. Jamais, en deux mois de cours, elle n'avait été comme ça. Mais aujourd'hui, elle réalisait que le jeu n'en valait pas tant la chandelle. Après tout, à quoi bon s'accrocher inutilement? Il venait de lui faire comprendre que pour lui, jamais ils ne seraient compatibles. C'est vrai qu'au départ, Bunny voulait juste baiser avec Ezékiel - sa gueule d'ange et son corps de dieu grec lui donnaient envie de déchirer ses fringues et de lui sauter dessus pour lui faire passer une nuit à en oublier Internet pour toujours. Cepandant, malgré son air cruel pendant une fraction de seconde, même énervée, elle gardait cette attitude enfantine, ce visage mutin à souhait, ce sourire sublime à vous faire oublier tout autour de vous. Bunny Carter en proie à une rage noire, elle restait quandmême délibérrement sexy en diable et aussi sensationellement délicate qu'à son habitude. Elle rougit soudainement, le haut de ses jolies pomettes étant à présent aussi écarlate qu'un uniforme de pompier. Elle lâcha un faible "désolée" en détournant la tête, et regarda Jimmy. Il était assis avec tous ses copains, aussi junkies qu'elle, et faisaient tourner ce qu'elle supposa de loin être un sachet de marijuana. Ils riaient aux éclats - les deux tiers du groupe devaient être littéralement défoncés - et semblaeint sur une autre planète. C'était ça, le truc que Mr Hewitt ne comprendrait jamais et ne pouvait pas cautionner. Mais le grand vol, cette impression de plâner quand on est aussi raide qu'Amy Whinehouse en plein bad trip, c'était purement et simplement génial. C'était à ça qu'on devenait accro, pas à la drogue elle-même. Croire que le monde vous appartient et que tout va bien; même quand vous êtes sans domicile fixe, que votre mère vient de mourir, que vous avez contracté le SIDA en baisant avec un camé inconnu dont vous êtes tombée enceinte et qu'il y a la guerre en Irak; c'est juste fabuleux. Un tout petit pétard, une seule plaquette de médicaments miracles, un ligne de coke, et on embarque directement pour un aller simple au pays des Merveilles. Encore une raison pour laquelle son surnom lui collait tellement bien à la peau, soit dit en passant.

« Le plus pathétique, je crois, c'est que tu te prétends différent de tous les autres, mais qu'au fond tu es comme eux. » Elle marqua une courte pause, et remarqua l'air ahuri d'Ezékiel, aussi craquant qu'il est possible de l'être. « Tu me sors tout ton barratin, comme quoi tu ne me juges pas etc, mais au final, dès la seconde où tu as commençé à me donner des cours, tu as porté un jugement sur qui j'étais. Le fait que tu n'accordes aucune crédibilité à mes actes ne te donne pas ce droit, tu m'en vois navrée. »

Elle aurait très bien pu s'arracher comme une folle sur le magnifique brun aux grands yeux bleus turquoises - qui la faisaient craquer - mais disserter pendant une heure sur le sujet n'avait aucun intérêt. elle savait qu'Ezékiel comprendrait avec le peu de mots qu'elle avait prononçé, et à vrai dire, elle se foutait du contraire. A cet instant précis, il venait de perdre tout respect à ses yeux - d'un émeraude à mourir, je sais. Elle avait gaspillé deux mois à lui tourner autour, alors qu'elle aurait pû avoir n'importe quel autre gars, simplement en claquant des doigts. Des plus beaux, plus intelligents, plus gentils, plus riches. Des plus tout. Mais cette indifférence qu'il lui vouait l'avait attirée comme un aimant. Et si ça avait été son but, justement? elle secoua la tête. Hypothèse absurde : il était soit homosexuel, soit impuissant, soit complètement stupide pour passer à côté de Bunny, et des occasions qu'elle ofrait, sans en avoir rien à faire.

« Je vais te dire la vérité, Ezékiel. C'est sûr qu'au départ, j'avais pour intention de te faire découvrir le monde merveilleux des jeunes australiens , et de te permettre d'explorer les voies du plaisir sexuel jusqu'à ce qu'on soit trop fatigué pour ne serait-ce que se nourrir. »

Elle laissa un léger temps s'écouler. Elle était certaine qu'l ne lui laisserait même pas l'opportunité de continuer avant de répondre, pour faire son insupportable Mr-je-sais-tout, à lui dire qu'il était intelligent, qu'il avait remarquer son petit jeu et qu'il l'avait laissé continuer juste pour voir à quel point elle pouvait se ridiculiser pour lui. Bunny se leva alors d'un bond - enfin, d'un trait, mais sa petite taille et ses talons trop hauts combinés donnaient l'impression qu'elle était sur des suspensions et sautait - et appuya juste ses mains sur la table, après avoir enfilé son perfecto en cuir et posé son sac sur le tabouret qu'elle occupait précedemment.

« Mais au bout d'un moment, je me suis rendue compte que tu valait mieux que ça, mieux qu'un dépucellage express dans les toilettes de ce café miteux pour ensuite ne jamais te rapeller parce que tu auras été un des pires coups de ma vie. » Elle sourit, elle plaisantait évidemment. A vrai dire, elle n'avait aucune idée de si Ezékiel était encore pur ou pas, et le taquinait juste une dernière fois. « Je voulais te prouver que je valais mieux que ce que tu crois, que je n'étais pas juste l'adorable maladroite qui renverse du café partout et ne sais pas se servir d'un ordinateur. Je croyais que tu verrais aux delà des apparences, parce qu'être Bunny Carter ne se résume pas à être belle, bonne et conne. »

La jeune fille ne voulait pas s'emporter. Son ton restait calme et posé, le ton qu'elle employait habituellement pour parler de la météo, de l'article merdique sur les micros-mollécules du journal de la faculté, de la dernière robe en mousseline de soie Azzedine Alaïa dans laquelle sa meilleure amie Dot Heppleton avait investi un mo,tant exhorbitant. La Bunny qu'Ezékiel appréçiait existait bel et bien, certes en moins timide et absurdement ennuyeuse, mais elle existait. seulement, malgré son sentiment d'avoir fait le tour de la question, il ne lui avait pas laissé de chance d'exister. Il avait décidé qu'elle le déçevrait, qu'elle n'était qu'une espèce de traînée qui errait à chaque aube, ses sandales Manolo Blahnik à la main, sur les trottoirs de la ville, aussi désaxée qu'une amnésique. La demoiselle avait espérer qu'avec lui tout changerait, parce qu'il ne regardait pas ses seins à longueur de journées et aurat préféré qu'elle soit moins populaire. Il aurait alors découvert le côté clair, lumineux de la jeune et splendie fille. Pourquoi elle avait peur du noir, son passé famillial tourmenté, comment elle se sentait parfois seule alors qu'il y avait tant de monde autour de sa parfaie personne - le côté qui ne sort jamais, elle mettait le dark side en avant pour se protéger.

« Peut-être que tu t'es trompé sur moi, mais moi aussi. Je croyais que tu ne serais pas comme tous les autres, voilà pourquoi je t'aimais bien. La différence, c'est que moi, je ne cachais pas qui j'étais : tu étais tout à fait au courant de ce que je trafiques quand tu n'es pas là, mais tu l'as accepté quand t'as dis oui pour ce job. En fin de compte, on n'est pas si opposés. Si t'arrêtais une minute de ne voir que ton écran pour me regarder un peu, tu réaliserais que je suis pas la pire pétasse de la côte, et que la Bunny que tu cotôyait, elle existe bel et bien, mais que pour les gens qui à ses yeux méritente de la voir. »

Elle remballa ses deux Macs - dont un était bien abîmé -, tira un peu sur sa jupe qui semblait obstinée à montrer ses superbes cuisses galbées et bronzées de ses scéances de surf des semaines passées. Elle arrangea le col de sa veste, lança ses cheveux par au dessus, qui tombèrent en une cascade désordonnée divine. Son sac sur l'épaule, elle repoussa la chaise en adressant un sourire plein de regrets à Ezékiel, et commença à se diriger vers la sortie. Elle fit cepandant un volte-face au dernier moment, retourna jusqu'au jeune homme, se pencha au dessus de lui. Elle mit une mèche de ses cheveux derrière son oreille, s'approcha de lui par derrière et murmura:

« Tiens donc, tu te souçies des rumeurs maintenant? Dis donc Ezékiel, tu caches bien ton jeu. Mais je vais être sympa, je vais éclaircir ton esprit torturé. Certaines sont enti-rement vraies, d'autres entièrements fausses. C'est le principe des rumeurs : laisser la possibilité aux gens de faire le tri et de croire à quoi bon leur semble. Ne te gênes pas, tu peux adhérer aux plus trashs sur mon compte, ça ne me surprendra plus. »

Plus sexy, plus sulfureuse, plus désirable, plus éclatante, plus parfaite qu'une Bunny sur off, il y a une Bunny blessée dans son égo. Elle lui donna alors une tape amicale sur l'épaule, se releva et le fixa une dernière pour s'aperçevoir de ce qu'ils manquaient tous les deux. Elle marcha alors de son pas élégan et félin jusqu'à la sortie, puis se laissa tomber sur la vitrine en verre. Elle glissa jusqu'au murret sur lequel elle s'assit, puis posa sa tête contre la vitre froide et soupira. Elle sentit alors une présence à ses côtés. Sans même prendre la peine de tourner la tête, elle esquissa un sourire flatté quoique déçue. C'était Ezékiel. Il lui voulait quoi, à présent? Elle n'avait jamais essuyé de refus de sa vie, peu importe pour quoi. Lui venait de la rembarrer, et en plus il revenait. Elle tourna juste le visage, remonta ses yeux jusquaux siens.

« Si tu viens me dire ce que tu penses de moi, à moins que ce ne soit une bonne surprise, abstiens-toi. »

Elle avait sans doute raison. C’était agaçant presque. Elle avait toujours raison ou presque et même sans le vouloir d‘ailleurs. Au fond, Bunny pouvait être une personne censée sauf quand par ses froncements de sourcil et ses regards baladeurs, elle tentait désespérément de lire en lui. Ezékiel avait une façon d’être spécial qui ne laissait rien entrevoir. Aucun sentiment, aucune envie. Jamais personne ne s’était plein et pour cause, on s’en foutait royalement. Qu’il passe plus de temps sur un ordinateur que à l’extérieur, qu’il soit encore puceau ou non, qu’il soit aimé ou non, on s’en foutait autant qu’on pouvait se foutre de la chaussette que vous portier le jour même. Il s’était habitué et avait grandi comme ça. On ne lui avait jamais dit je t’aime comme on ne l’avais jamais serré dans les bras. Aujourd’hui, il était ce qu’il était. Coincé peut être mais vrai.

« Peut être. »

Soudainement, il sentit l’ambiance se refroidir. Bunny avait disparu sous le regard noir qu’elle venait de lui lancer et la façon agressive dont elle avait répondu. Putain, c’était qu’une simple question. A cet instant, Ezékiel se rendit compte qu’il venait de réveiller la mauvaise Bunny. Celle qu’il voyait tous les jours sur le campus. Celle qu’il n’appréciait pas et ne cherchait pas a apprécié. Pourquoi apprécié une personne quand tout ce qu’elle fait vous écœure ? Quand, pour vous, sa façon d’être est dépravante et irrespectueuse de sa propre personne ? Franchement, Ezékiel n’avait aucune envie de connaître cette Bunny là. Ouais, il jugeait et alors ? Il jugeait une Bunny qui existait bel et bien, ce n’était pas une invention, elle avait baisé tout Sydney. Et alors quoi ? Il ne voulait pas participer à sa chute. Voir que la Bunny qu’il appréciait était caché sous la face noire de son autre personnalité ?

C’était étrange. Elle lui avait cloué le bec alors qu’il posait qu’une question. Quoi ? Si elle voulait laisser son présent à la porte du café, elle aurait du lui dire. Blessé dans son ego autant qu’elle, il la regarda sévèrement. Elle était peut être Bunny Carter mais elle n’avait aucune raison de lui parler sur ce ton. Alors qu’il allait l’envoyer balader, elle se mit à rougir. Surpris, sa colère intérieure se calma pour finalement entendre Bunny s’excuser. Ouais, il préférait ça. Heureusement pour elle, Ezékiel n’était pas rancunier.

Il cru pendant un instant que l’ambiance allait se détendre, qu’il allait reprendre leur discussion, ce ne fut cependant pas le cas. Bunny était blessé. Il le voyait bien. Elle enchaîne les remarques aussi vite qu’un basketteur en plein dribbles. Ezékiel n’avait même pas le temps de répondre. A la fois, choqué, surpris, mal à l’aise et écœuré, il avait levé les yeux vers Bunny.

« Jamais en deux mois, tu ne m’as dit que je t’intéressait Bunny. » Il secoua la tête. Il n’avait qu’une hâte, partir. Oublié tout ce qu’elle venait de dire et qui au fond, lui avait fait mal. Puis, il se mit a douté. Ne sachant plus trop quoi penser, il l’avait regardé se lever dans le plus grand silence. Sans la lâcher des yeux, il l’écouta, fronçant des sourcils à chaque fois que ses mots sortaient de sa bouche, pour finalement sourire une dernière fois.

« Non mais attend tu crois quoi ? Tu viens de me dire que finalement tu prenais des cours juste parce que tu voulais coucher avec moi et après tu me dis que tu aurais aimé que je voie au dessus de ça ? » Il se leva à son tour, faisant face à Bunny. Si son ton de voix était resté calme, le siens avaient l’air un peu plus énervé. « Si tu voulais vraiment me montré la vrai Bunny, tu n’aurais jamais du venir vers moi juste pour assouvir ton besoin sexuel. »

Il y avait dans sa voix un nœud, une sorte de boule qui l’empêchait de complètement tout envoyé en l’air et de partir, en la laissant là. Une nouvelle fois, elle le remit en place. Ezékiel ne savait plus alors quoi dire. Le regard vide, la voix tremblante, il avait finalement décidé de rester muet. Elle rangea ses deux macs, repoussa la chaise, lança un dernier sourire et se dirigea vers la sortie. Au dernier moment, elle retourna vers lui et lui murmure quelque chose, qui cette fois ci agaça davantage Ezékiel. Essayant de chasser toutes les pensées malsaines de son esprit, il resta concentré sur la Bunny qu’il connaissait. Non, il ne devait pas succomber au plaisir de laisser sa colère sortir.

Cette fois ci, il la regarda partir. Qu’es qu’il avait loupé ? Sérieusement, Bunny s’intéressait vraiment à lui ? Il avait été trop stupide et idiot pour le voir. Sa main se plaqua contre son front et soupira. Elle était trop compliquée pour lui. Il regarda alors le dealer assis au bar. Pendant une seconde, il se perdit dans ses pensées. Oui voilà, il devait s’excuser. Nan pas parce qu’une Bunny en colère c’était simplement dangereux mais parce qu’il détestait qu’une personne qu’il appréciait, soit en colère après lui.

Finalement, dans un élan de regret, il avait ranger toute ses affaires à la vite, payé la note puis était sorti. C’est alors qu’il avait vu Bunny accroupi contre la vitrine. Il ne l’avait même pas remarqué. Il avança vers elle, elle fut cependant la première à parler.

« Non non. » Il se baissa à son niveau et essaya d’attirer son attention. « Écoute Bunny, je n’ai jamais voulu te blesser, ni même te juger. » Il s’arrêta un instant et comme elle ne le regardait pas, il décida de tourner son visage vers lui à l’aide sa main. « Je me fou complètement de ce qu’on dit et ce que tu fais. C’est ta vie, ça te regard. Mais sérieusement, met toi à ma place. J‘ai cru que tu venais ici juste pour avoir des cours, pas pour me draguer. » Il haussa des épaules, et continua un sourire amusé « Et en plus je suis tellement nul avec les filles que je me suis même pas aperçu que tes décolleté plongeant était juste pour mes beau yeux. »

Il se releva et tendit sa main à Bunny.

« Je suis vraiment désolé alors si tu veux bien, j’aimerais beaucoup qu’on aille manger quelque part. Ce soir ou n’importe quelle autre soir. C’est comme tu veux. » Il l’aida à se relever, et plongea ses yeux dans les siens. « On pourrait discuter de tout ça. Et puis, tu auras l’occasion de me montrer qui est vraiment Bunny Carter. » C’était vraiment un effort considérable qu’il faisait là, Bunny n’en était peut être pas consciente mais prendre les devant, ce n’était pas dans les habitudes du jeune geek. La première fille qu’il invitait à dîner c’était Bunny Carter. C’était peut être suicidaire comme premier rendez vous nan ? Il ne cherchait cependant pas à ce faire pardonner, il voulait juste comprendre le fin mot de l’histoire.

Puis, il avança son visage vers Bunny et déposa un rapide baiser sur sa joue. Devenu aussitôt rouge écrevisse il recula de quelque pas, repris ses affaires et sorti son portable prêt à lui donner son numéro. Il ne savait même plus, si elle l’avait déjà ou pas.

SUJET TERMINE.