Who is this sexy guy ? [R]

Le réveil était toujours dur pour Kenya, surtout après une nuit quasi blanche. Etudiante, elle avait donc l’habitude de se rendre à des soirées, bref, de profiter de sa jeunesse. Depuis qu’elle ne vivait plus chez ses parents, mais en compagnie de sa sœur, Bunny, Kenya en profitait encore plus. Aussi surprenant soit-il, la jeune Carter n’en oubliait pas de se rendre à l’université. Ses études, elle y tient. Ambitieuse, devenir avocate serait son plus grand rêve. Pas besoin de vous faire de dessin, j’imagine que vous avez compris qu’enchaîner cours et fêtes n’était pas de tout repos, même pour une Carter.

Ce matin là donc, se rendant compte qu’elle s’était rendormie et qu’elle aurait du être en amphithéâtre depuis trois bonnes heures, Kenya poussa ses draps au bout de son lit, et s’empressa de rejoindre la salle de bains. Malheureusement, et comme bien souvent, mademoiselle Carter-number-two, j’ai nommé Bunny, occupait déjà la pièce (ou du moins, c’est ce qu’elle croyait).

« Bordel, Bunny, sors de là, je suis à la bourre. »

Deux minutes plus tard.

« BUNNY BORDEL, sors de là je t’ai dis. Sois gentille pour une fois. »

Quatre minutes plus tard, toujours rien. Kenya était sur le point de frapper à la porte –elle savait se montrer violente vous savez- quand elle entendit du bruit derrière elle. La jeune femme se retourna soudainement quand son regard tomba sur … sa sœur. Euh, si ce n’était pas elle à la salle de bains, c’était qui ?

« Bu…Bunny ?! » Oui oui, c’était bien elle. « C’est qui à la salle de bains, si ce n’est pas toi ? Bordel, je suis à la bourre moi. »

Un bruit de verrou qui s’ouvre se fit entendre dans le dos de Kenya, qui se retourna sans attendre. Devant elle se tenait un mâle, un vrai. Celui-ci tenait à l’aide de sa main une serviette qui lui entourait la taille. Surprise, son regard passa de Bunny au jeune homme bien foutu mais inconnu à ses yeux. Questionnant sa sœur du réponse, elle ne put s’empêcher d’ouvrir la bouche de nouveau.

« Euh, je ne pense pas avoir bu assez de verre pour oublier une folle nuit en charmante compagnie… » Elle lança un regard du genre ‘veinarde’ à sa sœur puis se tourna vers l’homme en question, toujours planté là avec sa serviette. « Mais je suis partante, hein. »

Bizarrement, Kenya en avait presque oublié qu’elle était en retard. Ah, les hommes…

[ Trop trop nul, je me demande où je vais chercher ça Who is this sexy guy ? [R] 869164

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[ Tais toi soeurette, j'était morte de rire en lisant . ]

Compte tenu du fait qu'il n'y ait que 365 soirées dans l'année - dont Noël, Nouvel An, Thanksgiving, celles de Pâques, de la fin des examens, de son - royal - anniversaire, de celui de sa grande soeur etc -, chaque soirée méritait d'être célébrée dignement. Cours ou pas, rattrapage ou pas, à la limite, BAC ou pas - bien qu'elle l'ait déjà -, Bunny sortait tous les soirs, ne serait-ce qu'à la bibliothèque. Bon, avouons-le, ce n'était pas non plus son repère favori. Elle avait plutôt tendance à danser en discothèque jusqu'à ce que ses pieds crient pitié et/ou ses stilletos Yves Saint laurent ne puissent plus la porter. Quoique, ces temps-ci, elle avait trouvé un nouveau passe-temps tardif : elle feignait d'être aussi peu calée en informatique que possible pour que ce geek canon de l'étage d'en dessous lui donne des cours. Fallait vraiment être à fond sur l'ordinateur pour 1) ne pas sauter sur Bunny qui sortait pour l'occasion son décoletté le plus célèbre assorti d'un push-up qui faisait des miracles; 2) ne pas voir qu'elle dévorait Ezékiel des yeux et 3) ne pas comprendre qu'elle aurait pû inventer Microsoft étant donné son niveau en la manière, et que donc elle se faisait royalement chier pendant près de deux heures à jouer les blondes stupides. Sans compter ce gars, cet EMPOTE serait plus juste, qui avait trouvé le moyen de lui renverser les trois quarts d'un Moka sur les seins chez Starbucks. Bêta, maladroit et pas doué avec les femmes - quoique fiançé, aux dernières nouvelles - mais complètement craquant. Et elle avait d'ailleurs honte de le reconnaître, mais pour une fois qu'un gars ne sautait pas les présentations pour la pelloter dans les toilettes, elle avait trouvé ça.. mignon - oui je sais, c'est terriblement cliché, la pin-up qui a un faible pour le romantique du coin de la rue.

« Je sortirai sûrement, si j'étais DEDANS. »

Bunny était assise sur le bar à la sortie de la cuisine, une table haute en tech noire qui allait à ravir avec ses cheveux. Ses gambettes étaient élégamment croisées, et elle avait cet air détestablement froid collé au visage. Elle ne prit même pas la peine de lever les yeux de son travail - elle avait un ongle cassé à réparé, limage oblige - et sourit d'une façon un peu sadique en constatant que sa soeur était prise d'une crise de panique pour rien. Hésitant entre deux solutions : jouer le diable sur l'épaule et la faire entrer dans la salle de bain ou plaider l'ange, pour une fois, et lui dire carrément la vérité; elle finit par choisir d'être gentille au moins un coup dans sa vie. Sautant d'un coup du bar, ce qui eut pour effet de révéler sa petite culotte orange volantée aux ustensils culinaires, elle s'approcha au ralenti de son aînée. Celle-ci, qui avait entendu le bruit de ses pieds nus sur le carrelage de marbre froid du couloir, se retourna brusquement et la fixa d'un air ébahi.

« Quoi encore? Mon mascara a dégouliné sur mes joues, c'est ça? »

B. était une fervente adepte de l'ironie, qu'elle pratiquait arfois à outrance - dommage pour son entourage. Apparemment, Kenya n'avait pas très envie de plaisanter. Tant pis. Elle leva les yeux au ciel, plaça sa main droite au niveau de sa hanche, et afficha ce petit air démoniaque que la plus agée des Carter maudissait tant.

« Tu croyais sérieusement que j'étais dans la salle de bain? Mais enfin, Ken', tu sais bien que je ne suis jamais levée avant dix heures quand je sors la veille. »

Cynique, encore une fois, étant donné qu'elle sortait tous les soirs, sans interruptions, jamais. Malade ou en bonne santé, le moral dans les chausettes ou pétant la forme, pleine aux as ou fauchée - merde, cette option-là n'existait pas -, elle était une fêtarde invétérrée. C'est cet instant que choisi Apollon en personne pour sortir de la douche, dans son plus simple appareil, une serviette de coton blanche juste entourée autour de sa taille. Grand - aux alentours d'un mètre quatre-vingts cinq - , brun, des yeux presque gris, un corps taillé en salle de sport, des pectoraux Milka. Bref, la total. Mais oups ! Kenya avait bien demandé - si on pouvait considéré ces hurlements hystériques comme une demande - à sa soeurette de ne pas rammener ses conquêtes éphémères à l'appartement. Elle en avait sûrement eu marre de voir un gars différant à chaque réveil, toujours plus beau et chaud, mais aussi toujours plus brèvemment présent. Bunny tenta un instant de jouer les pauvres martyres, du genre ne-me-traite-pas-de-salope-on-va-se-marier-demain. Avant même d'essuyer un cruel échec, elle remarqua que sa soeur ne pouvait plus regarder ailleurs que le beau jeune homme, qui nous faisait une démo de gonflages d'abdos absolument divine.

« C'est pas à toi, Kenya. C'était mon joujou d'hier soir, je l'ai trouvé au Blue Banana. Après, si tu veux mes restes, je n'y voit pas d'inconvénients.»

Le dieu vivant fixa Freckles d'un air ébété des plus adorables, puis mata délibérémment son corps de rêve - elle était toujours en petite culotte, un simple soutien-gorge en tulle assorti lui servant de haut. Celle-ci coupa net à sa dernière réplique, un truc du style " C'est ta soeur? Wow, vous êtes vraiment une famille de canons ! Si ça vous dit un plan à trois, j'en serai ravi." et se retourna vers la principale intéressée à deux doigts entre le pétage de plomb littéral et le désir ardent de s'envoyer en l'air avec son nouvel admirateur. Bunny avait toujours eu ce côté libertin, le genre en union libre avec tout le monde et n'importe qui - vous savez, Peace&Love, vous niquez toute la nuit et au lendemain, ne restent plus que les souvenirs. Elle n'était donc pas opposée au fait que sa soeur et elle couche séparément avec le même gars, et puis ça ferait du bien à Carter-number-one, qui avait l'air tendue comme un string.

« Relax. Ton prof était justement absent, si c'est pas de la chance ça. Je l'ai vu marqué sur le panneau d'affichage hier. Maintenant, si tu ne me crois pas, je peux toujours te déposer en partant.»

Elle était irremédiablement à la bourre, genre de deux heures, sans compter le temps qu'elle mettrait à se préparer. Elle se dirigea vers la cuisine, se servit une tasse de café et se rassit sur le bar, comme une petite poupée. Sa soeur avait rappliqué, et le type.. dieu seul saît ou il était, sûrement dans le pieu à attendre un sursaut de gentillesse de la part d'une des deux jeunes filles.

« C'est vrai, j'oublies toujours, c'est TOI qui a le permis. Shit. »

Heureusement que ce n’était pas Bunny qui occupait la salle de bains, car Kenya aurait été obligé de mettre la demoiselle à la porte. Enfin, encore faut-il qu’elle en soit capable, ce qui ne restait pas d’arriver de sitôt. Les deux sœurs Carter s’aimaient trop pour ça. Malgré leurs deux années de différence, elles avaient toujours été inséparables, et ceci, depuis la naissance de Bunny. Bon d’accord, Kenya avoue tout, elle n’a pas toujours aimé sa sœur, mais n’importe quel enfant normalement constitué n’a guère envie de partager ses parents avec un petit frère ou une petite sœur.

« Ca fait combien de temps que tu es derrière moi comme ça ? »

Kenya fusilla sa sœur du regard. Elle détestait énormément que sa sœur ait cet petit air démoniaque. D’ailleurs, si la jeune femme n’aurait pas eu le même sang qui coulait dans ses veines que celui de Kenya, elle l’aurait sûrement étranglée sur place. Et l’ironie dont usait Bunny exaspérait la plus grande des deux sœurs, surtout ce matin là. En retard, voilà comment elle était, et elle ne supportait pas. Kenya était d’ailleurs réputée pour toujours être à l’heure, chose dont Bunny ne savait pas faire.

« Les miracles, ça arrive tu sais ! Quoique j’avoue, venant de toi, ça serait vraiment plus que surprenant. »

Il est vrai que sa sœur ne serait sans doute jamais ce que l’on appelle une lève tôt, car contrairement à Kenya, elle n’arrivait pas à être debout avant dix heures –chose assez rare puisque la plupart du temps l’aînée des Carter ne voyait pas la gueule de bois de sa sœur avant une heure de l’après midi-, que ce soit après une soirée, ou pas. Kenya en avait presque oublié le bel inconnu presque nu. Elle se retourna vers ce dernier, lui fit un clin d’œil qui se voulait coquin tout en répondant à Bunny.

« Je savais que j’aurais du aller au Blue Banana. Oh comme tu es gentille, mais je ne préfère pas passer après toi. Après tout, ça serait dommage de ternir ta réputation. »

Elle lança un regard qui voulait tout dire à sa sœur. Rassurez vous, il n’y avait rien de bien méchant dans les paroles de Kenya. C’était toujours comme ça entre les deux sœurs, un esprit de compétition régnait entre elles. Bon, quand est-ce qu’elle pourra prendre une douche ? Kenya commençait sérieusement à s’impatienter. Elle n’aimait franchement pas que quelqu’un vienne perturber ses programmes, que ce soit pour ses études que pour des soirées. Kenya réagissait toujours de la même façon. Elle n’était pas d’une nature stressée, au contraire, cool raoul était plutôt son type d’humeur, elle ne supportait juste pas ne pas faire ce qu’elle avait envie.

« Et c’est seulement maintenant que tu le dis ? » Kenya n’était absolument pas énervée après Bunny, n’allez pas croire. « Et oui, c’est ça d’être aussi jeune. D’ailleurs, c’est peut-être mieux ainsi. Toi derrière un volant, ça fait peur. »

[ pourquoi ça fait tout petit Who is this sexy guy ? [R] 580185

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« Disons suffisamment longtemps pour savoir que t'as eu l'air vraiment très conne, Big Sis.»

Bunny inclina légèrement la tête à droite, pour admirer le fessier adorable du pur sang qui déambulait maintenant dans la couloir, à la recherche de la chambre dans laquelle il avait laisser ses vêtements la veille - Bunny adorait faire l'amour un peu partout, dans la chambre d'amis comme dans la salle de bain, ça donnait un coté jeu de piste intéressant. Elle remarqua alors un tatouage sur l'avant-bras du jeune homme, un peu à la Mangemorts dans Harry Potter. C'était un genre d'étrier entremêlé à un "F" tribal. Eurk. Déjà, c'était de mauvais goût, et en plus ça faisait un peu message codé pour les membres d'une secte apocalyptique. Un frisson parcouru le dos parfait de la jolie brunette, qui se demanda alors si le "F" signifiait fellation ou le prénom du Dieu qu'ils vénéraient, lui et ses potes bizarres, dans son truc type Témoins de Géovah. Elle esquissa un de ses sourires mauvais si cruels mais pour lequel n'importe qui se damnerait, puis reporta son regard sur sa soeur, visiblement un peu énervée. Elle ferait mieux de l'accompagner au yoga le vendredi, celle-là. En plus, le prof était tout simplement à tomber et avait remarqué Kenya depuis la première fois où elle était venue récupérée sa cadette chérie - Bunny avait bien vu comment il matait Carter-number-one, y'avait pas photos, il voulait pratiquer la position du lotus avec elle. Elle secoua la tête en signe de négation, ses boucles presque noires retombant sur ses épaules nues, lorsque son coup d'il y a quelques heures lui demanda si elle le rapellerait. Non. B. ne rapellait jamais, de toute façon ce soir elle aurait déjà un autre gars dans la vue, alors inutile de s'encombrer d'un admirateur boulet, autant être franche. Elle gardait un très vilain souvenir d'une fois où elle avait trop fait espérer un type au lycée, qui l'avait ensuite traqué comme un psychopathe jusqu'à ce qu'elle le jette comme une loque.

« Je suis déjà un miracle en soit, Kenya. Sois pas jalouse d'être le brouillon avant le chef d'oeuvre, je t'aime quand même tu sais.»

Bunny était une vraie professionnelle dans l'art de la provocation et de la manipulation. Alors, quand il s'agissait d'énerver sa soeurette, elle savait exactement comment s'y prendre et faisait monter le ton en un rien de temps. La tactique était simple : il sufisait d'être aussi glaciale qu'un iceberg rescapé du Pôle Nord, d'avoir une répartie à toutes épreuves, d'être aussi cinglante que détestable. Il suffisait d'être Bunny Carter. Et pourtant, les deux princesses étaient de vraies complices, inséparables, toujours ensemble à se chamailler mais à s'adorer comme ça. Bunny rit, puis fixa Ken' qui n'allait pas tarder à la rejoindre, sachant très bien qu'avec elle, ce n'était qu'une plaisanterie. Bunny sauta du bar à nouveau, alla jusqu'au frigo sur la pointe des pieds - comme ça elle était un peu plus grande, comme son asperge d'aînée, et en plus elle sentait moins à quel point le sol était gelé. Elle ouvrit la porte, courba l'échine et sembla alors s'engouffrer toute entière dans le réfrigérateur - faut pas oublier qu'elle était très petite, et un vrai poids plume, avec sa taille de guêpe. Elle sentait le regard de Kenya derrière elle, du style oui-k'ai-fait-les-courses-heureusement-parce-que-toi-pas, et choisit de s'en moquer. Elle revint quelques secondes après avec une brique de lait, un paquet de céréales au chocolat au lait et au caramel, des cookies double chocolat Cadburry et du beurre de cacahuète, ainsi que deux verres et une serviette en papier. Elle installa le tout sur le comptoir, remplit les verres de lait et en tendit un à sa soeur tout en commençant à tartiner la pâte sur les gâteaux - hyper calorique et pas fameux dès le matin, mais elle raffolait de cette mixture et ne prenait jamais un seul gramme.

« Blablabla. Au moins, je suis connue, MOI. Bunny CARTER, la légende. Mais au fait, hier tu devais pas venir me rechercher au yoga? J'ai dû prendre un taxi, espèce de tête-en-l'air. Le conducteur puait la transpiration à vingt kilomètres, super agréable. »

Malgré ses dix-neuf printemps bien entamés, Bunny n'avait toujours pas le permis. A vrai dire, il valait mieux pour la population australienne - kangourous et cactus compris - qu'elle ne le passe jamais. A ses leçons de code, elle avait été une des pires élèves du siècle, créant de nombreux accidents, sans parler des pannes régulières et des dégâts matériels après son passage. Elle n'avait pas le pied routier, c'est tout. Avant, son père avait un chauffeur. Aujourd'hui qu'elle était trop loin de Roy et de sa limousine grand luxe, elle était devenue habituée des taxis, à qui elle pretait une allure NYC très glamour. Elle adorait s'engouffrer dans les cabs jaunes citrons, ses lunettes XXL Tom Ford sur le nez, sa robe-tunique en mohair marron MaxMara volant sur ses cuisses de grenouilles. Ca avait un côté héroïne de film en noir et blanc super sexy.

« Ca suffit, l'intello. Aujourd'hui, on sèche. Finis les cours, finies les révisions, finis les TPs chiants à mourir. Un peu de shopping ferait du bien à ta garde-robe, qui me supplie de te venir en aide.» Elle marqua une pause, attrapa quelque chose dans une boîte en ferraille située sous le recoin du bar, le tendit vers sa soeur avant de s'en servir elle-même d'un air diabolique absolument divin. « T'en veux une? Ca passe tout seul, tu verras. »

Elle lui désigna un genre de pipette qu'elle éclata au dessus de son verre de lait. Au contact du liquide, le truc pris une couleur jaune avant qu'elle ne touille pour remuer le tout et l'avale d'un trait. Elle fixa alors Kenya, puis mordit dans un cookies en attendant sa réponse - positive, elle n'acceptait aucun refus, la petite têtue.

« Toi ? Un chef d’œuvre ? Non non, tu n’es qu’un seul brouillon toi aussi. Quoi ? Tu ne savais pas que nos chers parents batifolaient encore afin de nous donner un petit frère ? Oups, j’ai peut-être gaffé alors. »

Kenya mit sa main devant sa bouche et prit l’air désolée. Petite, elle avait fait du théâtre, durant quatre années plus précisément. Elle y avait acquis un véritable jeu –bien qu’elle était née avec-, et savait donc jouer à merveille la comédie. Très vite, la jeune femme avait développé ce don pour s’en servir à sa guise, dans les situations qui la poussait à agir de la sorte. Kenya n’était pas une menteuse, je vous rassure. Disons qu’elle avait pour habitude de jouer avec sa sœur, et les hommes. Vous savez, pleurer sans être triste, c’était quelque peu compliqué à faire paraître vrai, mais Kenya se révélait étonnamment douée dans ce domaine là. Et il était clair que cela faisait craquer les garçons, si si si.

« Ne dis surtout pas à notre chère mère que je te l’ai dis. Sinon, je t’étrangle. Ou mieux… je te met à la porte. Ah ah. »

Kenya fit son plus grand sourire –hypocrite- à Bunny. Si cette dernière était douée pour énerver Carter-number-one, Kenya savait très bien rentrer dans le jeu de sa –petite- sœur pour l’énerver à son tour. C’était souvent comme ça entre les deux Carter, heureusement, elles n’en venaient jamais aux mains. Ca serait après tout dommage pour le beau parquet de l’appartement et ça coûtait cher de payer une femme de ménage pour réparer les dégâts. Non, de toute façon, les deux jeunes femmes s’aimaient trop pour ça. Même si cela ne se voyait pas toujours. Si vous touchez à Carter two, sachez que Carter one n’est jamais très loin. Et oui, personne ne fait du mal à la personne qui comptait le plus aux yeux de Kenya. Mais ça, hors de question de l’avouer.

« Connue pour tes fesses, ouais, super la légende. Y’a mieux non ? »

Kenya s’approcha de Bunny qui avait sorti quelques bonnes choses du frigo et des placards qu’avait pris soin de remplir Carter number one. On dit merci qui ? Miam, ça tombait bien, la jeune femme n’avait pas pris le temps de déjeuner, bien trop pressée de prendre une douche pour ensuite partir à l’université. Elle prit un cookie, l’amena à sa bouche et croqua un morceau avant de boire une gorgée de lait.

« Tu devrais arrêter le beurre de cacahuètes, c’est jamais très bon pour tes fesses. »

Bien sûr, Kenya plaisantait. Elle savait pertinemment bien que, tout comme elle, Bunny pouvait manger n’importe quoi et ne prendre aucun gramme. C’était un truc de famille, ce n’était donc pas donné à tout le monde, et surtout, pas à n’importe qui.

« Ah oui, tiens, j’ai oublié. Je devais sûrement avoir eu quelque chose de plus important à faire. Bon ça va, tu as tenu le coup, je n’aurais pas supporter que ma chère petite sœur meurt d’asphyxie. »

Kenya but de nouveau une gorgée de lait, et termina son cookie. Prenant soin de terminer de manger avant de parler, ce fut Bunny qui ouvrit la bouche la première.

« L’intello te dit bien des choses, chérie. Dis le tout de suite que je m’habille mal. » Kenya ne put s’empêcher de rire. Non mais oh, elle s’habillait de la même façon que Bunny, pour qui se prenait-elle donc. La jeune Carter ne put s’empêcher de piquer le pot de beurre de cacahuètes dans lequel Bunny venait de plonger son couteau.

« Oui, enfin non. » Kenya savait pertinemment bien que sa jeune sœur ne supportait pas ce genre de réponse. Elle avait envie, mais non, il ne fallait pas.

« Si tu veux que ta chère sœur t’amène faire du shopping, c’est maintenant. Sinon, c’est le taxi. T’as fais ton choix ? »

« Tu as toujours eu beaucoup d'humour, Kenya. Maman est peut-être stupide, mais pas au moins de risquer d'avoir la mort d'un bébé sur la conscience. Parce que si elle s'avises de nous donner un petit frère, je l'égorge avant même qu'il n'ait un jour. »

Ca par contre, c'était tout sauf de l'humour. Déjà que Bunny détestait les enfants - et particulièrement les nourrissons, qui braillent toute la nuit à vous péter les tympans et vous empêche de vous envoyer en l'air tranquillement - mais si en plus, il s'agissait d'un membre de sa famille, elle consentait à devenir tueuse en série pour s'occuper elle même du problème. Elle envoya un sourire étrangemment cynique à son aînée, qui aurait mérité pour la peine que B. ne lui dise pas que son professeur était absent et la laisse galérer pour rien. En plus, Ken' commençait à faire son petit numéro d'emmerdeuse avec ses réparties à la con, et son jeu d'actrice à deux balles - bien qu'elle soit une comédienne remarquablement douée, mais ça, même sous le supplice, jamais Bunny ne l'admettrait. Il existait un grand nombre de sujets dont les deux soeurs ne parlaient pas : questions sentiments, elles n'étaient pas toujours très démonstratives. Et pourtant, tout le monde savait qu'elles ne pouvait pas vivre l'une sans l'autre, ces deux inséparables, et que sous leurs airs - de famille - de grosses dures, elles n'en restaient pas moins attachée à l'autre comme à personne. Parfois, elles avaient des élans affectifs donnant lieu à une soudaine démonstration, ce qui donnait un tableau des plus attendrissants rempli de mots doux et des gestes niais à souhait. Cepdant, la majorité du temps, elles s'embettaient et cherchaient l'autre - c'était comme ça qu'elles s'adoraient, et n'avaient d'ailleurs jamais pu se séparer.

« Tu peux pas me virer, cet appartement est autant le mien que le tien. Et en plus, si je dégage, qui t'aidera à choisir LA bonne tenue avant un rencard? Tu serais vraiment mal, au moins autant que moi. »

Bunny faillit ajouter qu'elle payait aussi le loyer, et que donc par extention elle était également locataire. Heureusement, elle se révisa avant de dire une connerie, réalisant que c'était les parents des deux belles jeunes filles qui banquaient pour qu'elles logent en plein Sydney dans un foyer digne de ce nom. Elle haussa alors les épaules, regardant sa soeur attraper un cookie et l'immiter en prenant un petit-déjeuner bien conséquent - merci aux gênes, la première comme la deuxième adoptaient un régime McDonald-Nutella-sodas toute l'année sans avoir jamais pris un seul gramme ni attraper de cellulite sur le popotin. Carter-number-two faillit alors protester en remarquant que son débardeur en satin rouge noué dans le dos Anna Sui reposait sur le lit de son aînée, qui avait probablement dû l'emprunter la veille alors qu'elle se tonifiait au yoga, et avait simplement oublié de le remettre avant que sa fashionista de soeurette le voit - la tête-en-l'air, celle-ci, entre les trajets en bagnole qu'elle grillait et les vêtements qu'elle ne rendait jamais au bon moments, elle était bien mal lottie.

« Sois pas jalouse de n'être que l'insignifiante soeur de la légende. Le brouillon avant le chef d'oeuvre, si. C'est pas parce que tes fesses sont trop flasques et peu remarquées pour te faire connaître que tu dois être si méchante, Big Sis. »

A cette heure-ci, Bunny avait toujours un coup de mou qui rendait ses réparties beaucoup moins piquantes que d'ordinaire, mais elle n'avait rien à prouver à personne, et surtout pas à Kenya, qui savait très bien de quoi son petit démon de benjamine était capable. De plus, Anna Nicole Smith était aussi devenue célèbre grâce à son derrière - certes, elle n'était plus de ce monde aujourd'hui, mais elle était morte pétée de thunes et en tête des tabloïds. Ce genre de destin incroyable - se faire repérer tôt pour son physique et son talent, devenir une véritable personnalité dans le monde entier, gagner plus d'argent que Brad et Angelina ensemble depuis 2000 et mourir d'un truc glamour comme seul Hollywood en connaît - était tout à fait le genre de tournure que pourrait prendre l'existence de la supertar, mais son statut local était bien plus intéressant à exploiter - être une garçe à Los Angeles , c'est banal, mais être la pire des pétasses à Sydney, c'est l'ascension la plus fulgrante du siècle. Bunny-Boo regarda alors sa soeur. Dingue, comme elles ne se ressemblaient pas. Kenya était blonde et grande, le type même de la surfeuse australienne qui partage son temps entre la mer et les cours, auxquels elle va bronzée, en tongs de plastique Roxy et short en éponge Juicy Couture. Bunny était plutôt petite - le genre de bombe que la gente masculine a envie de protéger, de réchauffer - et avait des cheveux bruns presque noirs, surtout en hiver. Son visage était immaculé d'adorables tâches de rousseur qui faisaient craquer les mâles, quand Kenya avait un teint de pêche immaculé. Bunny, c'était le genre à se changer trois fois par jour et à ne jamais sortir sans être pomponnée, alors que sa supérieure généalogique descendait chercher le pain le matin décoiffée, pas maquillée, dans un survêtement rose bécasse assorti à des Crocs rapportées de Londres et un tee-shirt Calvin Klein hors de prix.

« T'inquiètes pas pour moi, je peux me le permettre. Et je te rapelle que sans mes fesses, justement, t'aurais pas mis ce top canon hier, mais plutôt un des tes hauts totalement dépassé, alors la rammène pas trop. »

Le visage de Kenya s'empourpra, signifiant ainsi qu'elle culpabilisait pour le vol du débardeur, la ~~coquine~~ vilaine. Sa cadette haussa les épaules, termina son gâteau et son verre de lait, puis mis directement sur son doigt le beurre de cacahuète qu'elle lécha, dans un numéro très pub pour préservatifs. Elle attrapa ensuite une serviette, s'essuya puis s'emparra d'une plaquette de cachets qu'elle mis tous un à un - y'en avait quand même 10 - dans sa main, puis les avala deux par deux avec un second verre de lait. Sans même écouter les autres phrases de sa soeur, le mot shopping résonna dans sa tête de camée comme un écho, ainsi que la réponse affirmative. La jolie blondinette lui fit alors un espèce de chantage pour la presser, ce qui avait le don d'énerver la jolie brunette.

« En même temps, t'es la moins prête de nous deux. »

Elle lui fit alors remarquer qu'elle n'était pas douchée, contrairement à Bunny qui s'était levée à temps pour baisouiller sous la douche avec le jeune Apollon réçemment parti et se laver jusq'à vider tout le ballon d'eau chaude de l'immeuble. Elle avait ensuite enfilé à la va-vite un simple marcel et une culotte à frous-frous pour retourner s'enterrer dans son lit - les draps de soie importés de Tunisie avaient le don de l'endormir en un rien de temps. Elle avait donc piqué un bref somme, jusqu'à ce que son hystérique de collocataire hurle pour avoir également la possibilité de ne pas puer la transpiration et le pas-lavé jusqu'au lendemain. Quoiqu'il en soit, B. ne conaissait que trop bien Kenya et ses départs en folie, du style à se casser même pas maquillée, prétextant que le centre commercial était vide à cette heure-ci, surtout un jour de semaine - nous étions mardi. Elle jeta donc ses couverts dans l'évier - le lave-vaiselle était plein, elle ne l'avait pas vidé malgré la demande de K., le défilé Viktor&Rolf l'apellait sur MTV - et fila directement se brosser les dents. Elle ne pris même pas la peine de rester dans la salle de bain, se rua dans le dressing, la brosse encore dans la bouche, et commença à fouiller les innombrables placards qu'elle avait rempli avec ses fringues. Lorsqu'elle réalisa que c'était mission impossible dans sa position, elle termina en vitesse son brossage ultra-bright, revint et sembla être engloutit dans les penderies aussi grandes que des chambres. Bunny et lhabillage express, ça faisait décidément neuf. Elle tomba par hasard sur le bon mix - un chandail en soie et coton doux et aérien rouge sang Valentino avec une jupe en jean ultra-courte et effilochée au bout Diesel - et opta illico pour des sous-vêtements sexy Secret couleur cerise puis enfila le tout. Par chance, elle trouva ses Converses All Star rouge dans l'entrée, fit les laçets en mettant ses perles de culture De Beers à ses oreilles, son foulard psychédélique assorti Pucci à son cou et ses bracelets multiples Dinh Van à ses poignets. Elle se releva d'un bond, tel une pom pom girl surexcitée, pris la veste de baseball de son ex - je parle d'une relation sérieuse de cinq moi, oui oui - la mis sur son bras avec son fourre-tout en cuir blanc Dior et rejoignit sa soeur dans l'entrée.

« Come on Barbie, let's go party, shit, shopping. Et aucun commentaire sur ma tenue qui fait un peu lycéene, c'était ça ou on y était pas avant midi. »