Une arrivée mouvementée. [R]

Voila une heure que la jolie brune avait foulé la terre d’Australie. Terminé Las Vegas et ses spectacles pourris. Terminé le mariage le plus insolite de l’année. Quelle crétine, pourquoi avait-elle accepté d’épouser la réplique miniature d’Elvis Presley ? Surtout que le prêtre était un Saint-Bernard. A moins que cela ne soit le contraire…nooooooooon elle n’avait tout de même pas épouser un chien ? Dans tous les cas, elle se félicitait de ne pas avoir consommé sa nuit de noces. Elle qui avait quitté sa terre natale dans l’espoir de faire une carrière fulgurante dans le monde de la comédie avait bien vite déchantée. Elle s’était retrouvée à jouer les assistantes du magicien le plus con de la planète. Figurez-vous qu’en essayant de faire sortir un lapin de son chapeau, il a fait sortir un python de son pantalon. Qui en plus l’a mordu où vous savez. Inutile de vous préciser que Olynessa a préféré le laisser crever plutôt que d’aspirer le venin. Elle est devenue ensuite l’assitante ‘popotin en l’air’, la seule assistante nudiste obligée de suivre un nullissime producteur de film porno reconvertit. Le job le plus terrible fut certainement celui où elle dut remplacer une croupière dans la salle de jeu. Ayant cru, que ‘croupière’ faisait référence à la croupe d’un cheval, elle s’était amené en tenue légère avec une cravache accrochée sa ceinture et un écriteau dans le dos disant : au lieu de me monter, frappe moi et je te ferais gagner aux jeux. C’est avec les fesses endolories et la cravache cassée en deux qu’elle remonta dans sa chambre non sans ayant pris le tic de hennir au lieu de soupirer. Une thérapie et bien plus de 3000 dollars plus tard et elle reprenait du service en tant que strip-teaseuse pour chien. Oui ça existe. Non, elle n’a pas de photos.

Vraiment, la vie à Las Vegas était terrible. Heureusement que tout cela était terminé. Maintenant qu’elle était à Sidney elle pouvait enfin vivre la belle vie, marcher le long de la plage chanter tout en s’explosant contre les arbres, voler les glaces de gosses et surtout se faire passer pour un pigeon auprès des vieux pour avoir le reste des croissants. Le seul bémol qu’elle rencontrait était qu’elle n’avait nulle part où crécher. Enfin pas tout à fait, elle avait déjà prévu de squatter chez sa meilleure amie le temps de disont reprendre ses repères. Un ou deux ans, tout au plus. Avant d’accéder à liimmeuble où vivaient Nyla et son mari et sa morveuse il y avait tout un grand escalier qui menait à la ruelle désiré. N’écoutant que son envie de gamine de 6 ans droguée aux Chupa Chups, elle s’assit sur sa plus grosse valise et les dévala en se mettant à hurler pour que les cons de vieux et leurs cannes se barrent. Trop tard. Elle était déjà dans la poubelle. Après s’être assurée que son colis précieux soit en bon état elle se précipita dans l’immeuble après qu’un chien ait apercut le morceaux de sandwich qui s’était coincé dans sa manche.
Et voila elle était dans le hall. Il ne lui restait plus qu’à trouver Nyla et tout serait parfait. Surtout si elle prenait une douche ensuite. Elle avait tellement hâte de retrouver sa filleul également. C’était quoi son nom déjà à ce truc ?

Aussi surprenant soit-il, Ioan et Nyla avaient réussi à dormir une heure de plus ce matin là. Cela peut sembler peu pour de nombreuses personnes, mais pour le couple, c’était déjà bien assez. Certes, Nyla aurait bien voulu passé la matinée sous la couette, comme avant sa grossesse, comme avant l’arrivée d’Iris mais ce n’était désormais plus possible, pas tant que la jeune enfant ne soit plus grande. Lorsqu’Iris s’était finalement réveillée et s’était mise à pleurer, ce fut Nyla qui s’était levée, n’oubliant pas de déposer un tendre baiser sur les lèvres d’Ioan. Ce dernier s’était levé plusieurs fois dans la nuit, elle pouvait bien lui laisser quelques minutes de plus au lit, il en avait autant besoin qu’elle de toute façon. Elle avait changé la couche d’Iris, elle l’avait nourri, puis l’avait emmené à son père, encore au lit, le temps qu’elle prenne une bonne douche. Nyla savait pertinemment bien que ces matins tendresse entre Ioan et sa petite fille était quelque chose à laquelle il tenait énormément, et à chaque fois que la jeune femme les rejoignait, un grand sourire se dessinait sur ses lèvres. Elle était fière de sa petite famille, ils avaient encore beaucoup de chemin à faire ensemble, mais elle savait qu’ils y arriveraient. Nyla n’échangerait pour rien au monde sa vie.

Et comme tous les meilleurs moments ont une fin, la petite famille s’est vu obligée de quitter le lit pour affronter cette nouvelle journée. Il faisait beau, cette dernière s’annonçait donc plutôt bien. Ca ne pouvait pas en être autrement. Ah si seulement, elle savait qu’elle se trompait, et qu’une tornade fonçait droit sur eux. Cette tornade portait le doux prénom d’Olynessa. Nyla était tombée sur elle dans le hall d’entrée de l’immeuble alors qu’elle allait chercher son courrier. Sur le moment, elle avait cru rêvé. Olynessa, sa chère meilleure amie, était partie vivre aux Etats-Unis. Qu’est-ce qu’elle ficherait donc là, en bas de l’immeuble, à cette heure-ci ?

« Oly, c’est bien toi ? » avait cru bon de demander Nyla, où cas où elle rêvait, mais au vu de la silhouette qu’elle voyait de dos, elle savait pertinemment bien qu’elle ne se trompait.

Lorsque sa meilleure amie, et accessoirement la marraine d’Iris se retourna, elle ne put s’empêcher de continuer…

« Olynessa ! Quelle surprise ! Je m’attendais franchement pas à tomber sur toi en allant chercher mon courrier. Qu’est-ce que tu fais là ? C’est fini pour toi les Etats-Unis ? »

Elle parlait trop.

[ C'est euuh ... petit ]

Olynessa trépignait d’impatience à l’idée de voir sa meilleure amie. Elle croyait avoir fait le bon choix en quittant l’Australie pour tenter de conquérir les States. Mais visiblement non. Elle sentait que c’était ici, à Sidney, qu’elle accomplirait de belles choses. Du genre : sauver sa filleul des pattes d’un chien enragé au petit parc, ou même tout simplement jouer son rôle de marraine et peut-être ainsi permettre aux deux parents de dormir un quart de seconde en plus. Oui, elle allait être une SuperMarraine. D’ailleurs elle devait encore avoir un de ses costumes en latex bien moulant qu’elle avait du porter lors d’un de ses anciens jobs.
Lorsqu’elle entendit son nom, Olynessa se retourna immédiatement certaine d’avoir reconnu Nyla.

« En chair et en os ma belle. » Olynessa se désigna par de grands mouvements circulaires tout en virevoltant sur elle-même. Elle avança à grands pas vers son amie qui cru bon de développer son étonnement. Oly l’arrêta en la prenant dans ses bras et en la serrant fort contre elle. Bon Dieu, comme cette foutue blonde l’avait manqué.

« Je ne t’ai pas prévenu ? Je suis la nouvelle factrice. D’ailleurs… » La jeune femme se retourna et désigna le chien bouffeur de manche qui était resté dehors. « Je me suis déjà fait un ennemi dans le métier »

Olynessa aimait quand il n’y avait aucun malentendu c’est pourquoi elle préféra mettre les choses à plat. Son sourire perdit de son éclat un instant. Elle pencha la tête sur le côté et regarda son amie dans les yeux.

« J’ai besoin de toi.» Sa voix s’était faite plus dure, plus sérieuse. Elle ne prenait ce ton que lorsque vraiment il le fallait. « J’ai plus rien. C’est long à expliquer, et je sais que tu n’as pas le temps avec la petite…mais j’ai vraiment besoin de toi.» Elle montra son unique valise et son sac à dos avant de continuer : « Je n’ai plus nul part où aller. Mais je ne veux en aucun cas te forcer…je sais que ta vie n’est pas super drôle en ce moment, tu as une mine épuisée même si Ortie doit être une gamine merveilleuse. Bref…la superstar inexistante s’est brulée les ailes et je… »

Et je quoi, aucune idée. Olynessa n’avait plus rien à dire elle venait de comprendre un truc. Elle était une star inexistante. Elle n’était rien. A part une voleuse d’animaux sauvage. D’ailleurs le sac qu’elle portait sur les épaules se mit a bouger vigoureusement.

Olynessa était devant elle. En chair et en os comme cette dernière venait de le dire. Nyla avait du mal à y croire. Depuis de nombreux mois, elles ne s’étaient que par mail, le téléphone étant trop cher à l’étranger. La jeune maman ne s’était guère attendue à trouver sa meilleure amie dans le hall de son immeuble. Etonnée, voilà comment elle était. Elle n’en revenait vraiment pas. Et dire qu’Oly ne lui avait même pas parlé de revenir en Australie, elles n’avaient jamais abordé le sujet, la vie de sa meilleure amie lui avait toujours semblé si bien, si belle aux Etats-Unis. Que venait-elle donc faire ici ? Rendre visite à Nyla ? Sûrement pas. Elle la connaissait que trop bien. Oly n’avait eu aucune attention de quitter les Etats-Unis jusqu’à maintenant.

« Petite cachottière va. »

Les deux jeunes femmes s’enlacèrent. Mine de rien, Olynessa lui avait beaucoup manqué. Son petit côté loufoque aussi, surtout. Elles se connaissaient depuis de bien nombreuses années, et elles se complétaient. Elles avaient toutes les deux appris à l’autre quelque chose, leur amitié n’avait fait que grandir de jour en jour. Elles étaient inséparables, comme deux sœurs pouvaient l’être. Lorsque Olynessa, après l’obtention de son diplôme, avait appris à Nyla qu’elle s’envolait pour les Etats-Unis, la jeune Baker avait cru que son monde s’écoulait. Nyla sans Oly, n’était plus Nyla. Et Oly sans Nyla, n’était plus Oly non plus. La jeune maman avait du apprendre à se passer de l’absence de sa meilleure amie. C’est d’ailleurs à cette période qu’elle rencontra Ioan, le père de sa petite fille, et sans doute, l’homme de sa vie. Olynessa avait beaucoup entendu parlé de lui, mais ne l’avait rencontré que très peu de fois. C’était l’occasion ou jamais qu’ils fassent plus ample connaissance après tout.

« Ah. Bouh mais Oly’, tu sais bien que les animaux et toi, c’est une grande histoire d’amour. »

Nyla ne put s’empêcher de rire, et se rappela la fois où, Oly s’était baissée pour caresser le chien de sa voisine, et s’était fait ensuite coursée après lui avoir dit qu’il ressemblait à une saucisse sur pattes. A croire que le chien avait compris le fameux compliment que lui avait lancé Oly. Compliment, car pour cette dernière, c’en était bel et bien là.

« Plus sérieusement, quel bon vent t’amènes ? »

C’est alors qu’Olynessa redevient sérieux. Ca n’annonçait rien de bon. Il était rare les fois où sa meilleure amie arrêtait de rire et prenait cet air là. Nyla fronça les sourcils, et écouta attentivement ce que Oly avait à lui dire.

« Iris, pas Ortie. » Nyla réfléchit quelques secondes à ce que venait de lui dire Olynessa. Alors, voilà la raison de son retour en Australie. La jeune maman savait bien que ce n’était pas pour elle, elle l’avait su tout de suite lorsqu’elle avait aperçu sa meilleure amie dans le hall. Elle l’aurait prévenu si cela avait été le cas.

« Ecoute, je… je… veux bien t’héberger. Mais quelques temps, pas plus. C’est déjà assez difficile comme ça avec Iris, et puis, il n’y a pas vraiment de place. Je suis désolée… »

Elle prit Oly dans ses bras. Le sac de cette dernière bougeait bizarrement. Elle fronça les sourcils.

« Euuuh… rassure moi Oly… tu n’as rien de vivant dans ce cas hein ? Sinon, ça ne va pas être… »

... possible. Elle n’eut pas le temps de terminer sa phrase, qu’une petite bête à poil sortit du sac, et se mit à courir directement l’ascenseur dont les portes venaient de s’ouvrir pour laisser descendre un habitant de l’immeuble. Merde.

Les Etats-Unis. Cela en était fini pour elle. Oublié les strass pourris et autres conneries qui définissent l’Amérique. Surtout qu’on l’avait prise pour un transsexuel. Cette décision elle l’avait prise il y a seulement quelques heures, alors qu’elle venait de finir sa journée. C’est sur un coup de tête qu’elle avait bouclé ses valises et prit un aller simple pour l’Australie laissant derrière elle un mari et heureusement aucun enfants. Il ne manquerait plus qu’elle est une portée.
Ici elle se sentait chez elle, en voyant Nyla elle s’était sentit chez elle. Dieu qu’elle l’avait manqué. La jeune femme s’empressa de raconter sa mésaventure avec le chien du dehors.
Un grand sourire vint orner les lèvres de la jolie brune. Elle était fière d’elle et de toutes les aventures qu’elle avait eu avec les animaux. Sauf peut-être la dernière…son mariage.

« Histoire d’amour. Si tu parles de la fois où j’ai gobé le poisson rouge de ta mère , ou bien de la fois où j’ai mis la saucisse sur patte dans le lave vaisselle ou bien encore quand j’ai mis une cape à mon hamster pour voir s’il volait…c’était pas ma faute. Les animaux ne m’aiment pas, d’ailleurs je crois bien que l’homme est un animal. Sans doute le plus crétin. »

Bien entendu, si Olynessa débarquait à Sydney, c’était aussi parce que sa meilleure amie lui manquait. Où qu’elle aille, elle ne se séparait jamais d’une photo les montrant toutes les deux en train de chahuter tout sourire. Nyla avait été bien plus qu’une sœur, c’était sa famille. Avec tous les avantages et les inconvénients que cela apportait. Mais surtout les avantages. Nyla était une fille géniale, généreuse et carrément parfaite. En toute objectivité bien sûr. C’est pourquoi elle était venue la voir directement, parce qu’elle saurait l’aider. Comme toujours.

« Nyla tu me sauves la vie. Je te jure, je vais trouver un boulot et un petit appartement très très vite. Tu ne seras même pas aperçut que j’ai débarqué comme une mal-propre chez toi. Et puis je promets d’être une nounou parfaite pour Iris. Ioan et toi vous pourrez avoir enfin des moments à vous. »

Quand elle se blottit dans les bras de son amie, elle remarque bien vite que son sac bougeait. Elle espérait de toutes ses forces que les fermetures tiennent. Mais hélas il en était tout autrement. Très vite la petite bestiole s’échappa.Non, le koala ne courait pas, mais Olynessa avait la même impression que Nyla. Vous savez quand un événement survint comme cela, sans aucune explication, votre cerveau régait parfois bizarrement. Vous avez l’impression que le temps passe à une vitesse anormalement lente ou au contraire que celui s’accélère à n’en plus finir. Olynessa leva un index devant le visage de Nyla l’air de dire ‘un instant s’il te plait, j’ai une bête à ratraper’ et se rua sur l’ascenseur. Trop tard..

« Hum…Nyla. Le cadeau de Jonquille vient de descendre au sous-sol…ou au 1er étage. Je sais pas. » Fautive elle adressa un grand sourire à sa meilleure amie qui se transforma bien vite en grimace. « Hum…surpriiiise… » Et quelle surprise.