Daddy sucks (a) [R.]

Depuis trois mois, Nyla n’avait pas eu un seul moment à elle. Changer les couches d’Iris, la nourrir, tenter –bien souvent en vain- de l’endormir en lui chantant des chansons –Nyla ne sait pas chanter. Ne parlons pas du père, Ioan.- , était devenu le quotidien de la jeune femme. Bien entendu, elle l’avait souhaité. Lui aussi. C’en était presque devenu une évidence cette envie d’avoir un enfant ensemble. La jolie blonde se souvient d’ailleurs très bien de ce jour, où elle avait su que leur vœu avait été exaucé…

FLASHBACK

Assise dans la salle de bains, le test de grossesse à la main, Nyla avait attendu un temps qui lui avait semblé plutôt long de voir s’afficher ce fameux résultat. ENCEINTE. Elle était enceinte. Elle n’en revenait pas. La jeune demoiselle s’était alors empressée de se rendre sur le lieu de travail d’Ioan –chose que d’ordinaire, elle n’avait pas le droit de faire- et lui avait sauté dans les bras, alors qu’il se préparait à partir. En pleurs –larmes de joie, cela va de soi- , elle avait réussi à prononcer ces mots qui allaient changer leur quotidien, leur vie à deux, leur couple.

« Je suis enceinte. » Les yeux de Nyla pétillaient, et un grand sourire était dessiné sur ses lèvres. Elle déposa un doux baiser sur les lèvres d’Ioan, son homme. « Tu vas devenir papa. »

Elle avait fermé alors les yeux, l’espace de quelques secondes. Elle avait imaginé leur nouvelle vie, et tout ce qui les attendait désormais. Drôles d’envie, sautes d’humeur… et Ioan qui devrait supporter tout ça. Sur le moment, elle ne s’était fait aucun soucis, elle le savait capable de ça. Elle ne doutait pas un seul instant de sa capacité à être un bon père, malgré son petit côté enfantin –oui, monsieur jouait encore aux jeux vidéos-.

Et pour la première fois, elle avait vu Ioan, pleurer.

FIN FLASHBACK

Trois mois donc, qu’elle n’avait pas pensé à elle. Trois mois qu’elle ne s’était pas retrouvée seule. Alors, quand elle ouvrit le frigo et se rendit compte que les courses n’avaient pas été faites, elle n’hésita pas une seconde, et se décida à y aller. Elle coucha donc Iris, déposa un rapide baiser sur les lèvres d’Ioan, et fit attention à ne pas faire de bruit en fermant la porte de l’appartement. Dans la rue, elle se sentit soudainement libre. Bien sûr, elle chassa très vite cette pensée de sa tête, elle aimait beaucoup trop sa fille pour dire qu’elle l’emprisonnait. Cette vie, elle l’avait voulu. Cette vie, elle s’y était attendue. Cette vie, c’était sa vie, et elle lui plaisait. Néanmoins, quelques heures supplémentaires de sommeil ne serait pas de refus. Se rendant à l’épicerie, située à quelques mètres de l’immeuble, il ne lui fallut moins d’une heure pour acheter ce qu’elle avait sur sa liste. Rencontrant quelques têtes connues demandant des nouvelles de sa petite famille, et plus particulièrement d’Iris, elle se laissa aller et prit quelques minutes pour discuter.

Une heure après, Nyla appuyait sur le bouton de l’ascenseur. Six étages à monter, entre les escaliers et l’ascenseur, son choix était vite fait. Et dire, qu’avant l’arrivée d’Iris, cela lui arrivait régulièrement de monter à pied tous ces étages. Elle sortit ses clés de son sac, et ouvrit la porte, en faisant bien attention à ne pas faire du bruit. S’attendant à un silence dans l’appartement, elle fut plus que surprise d’entendre sa fille pleurer, et de voir Ioan, assis dans le canapé, une manette à la main.

« IOAAAAAAAN ! » Surpris lui aussi, il lâcha la manette. C’en était sûrement fini pour sa partie, mais Nyla s’en fichait pas mal. La jeune femme posa ses achats sur la table du salon et s’empressa de rejoindre la chambre d’Iris.

« Maman est là, tout va bien. Ne pleures plus. »

Être un papa, c’est vraiment pas de tout repos, Ioan pouvait aujourd’hui vous l’assurer.

Pendant neuf mois, il avait supporté les envies les plus folles de Nyla et ses sauts d’humeur, il avait attendu avec impatience le jour où sa fille pointerait le bout de son nez, il avait assisté à l’accouchement sans jamais lâcher les yeux de sa compagne. Il avait eu beau passer avec brio tous les caps difficiles de la préparation à la vie de famille, jamais il ne s’était imaginé qu’avoir un enfant, pouvait être aussi éprouvant. Pourtant, il était heureux de ce choix de vie. Il l’avait voulu et maintenant qu’il l’avait, sa vie lui convenait plus que parfaitement. C’était sa petite famille. Et il était fier de l’avoir.

Mais quand on est papa, les loisirs n’ont plus franchement de place. Pour Ioan, c’était peut être le plus dur a supporté ormi changé les couches d’Iris. Adieu câlin torrides avec sa femme au petit matin, adieu week-end au lit et surtout adieu jeux vidéos. Dés l’arrivée d’Iris, Nyla lui avait bien certifié, pas de jeux vidéos. Mais malgré ça - il savait bien qu’il se ferrait sûrement taper sur les doigts si il se faisait prendre - Ioan jouait toujours, en cachette peut-être, mais au moins il jouait.

Quand Nyla décida de partir faire un tour, Ioan avait tout de suite pensé à ce moment en solitaire qu’il pourrait passer avec … sa console. Oui oui, sa console. Nyla avait couché Iris, il allait donc pouvoir être tranquille pour aller tuer le boss du niveau 13. Tout excité à l’idée de pouvoir voir «  you’re winner » sur l’écran de la télé, il avait regardé partir sa femme l’air de rien.

Une fois, la porte claquée, Ioan s’était précipitée sur la manette, allumant sa console au passage. Puis, il avait attrapé la dernière bière qui traînait dans le frigo et s’installa sur le canapé, prêt à en découdre avec le méchant boss mort vivant.

Une heure passa sans que jamais, Ioan ne fut dérangé ni de fut troublé par quoi que ce soit. Même pas par sa fille qui pleurait depuis quelques minutes. C’est à ce même moment, alors qu’enfin il avait entendu Iris et qu’il présageait d’aller la bercer, que Nyla entra dans l’appartement.

La réaction fut immédiate.

Son prénom résonant dans le salon, il avait lâché sa manette, surpris.

« Nan nan c’est pas ce que tu crois Nyla ! » fit-il alors qu’il savait pertinemment qu’il allait se faire taper sur les doigts. Réponse stupide certes mais bon. Ce fut la seule chose qui était sorti de ses lèvres.

Il l’avait ensuite rejoint dans la chambre d’Iris. Se tenant dans l’encadrement de la porte, le regard baissé, il avait ensuite murmuré.

« J’allais y aller mais tu es rentrée au même moment. »

Faire confiance à Ioan était une chose évidente pour Nyla. Elle ne serait de toute façon pas avec lui si elle ne le faisait pas. Jusqu’alors, elle n’avait pas douté une seule seconde de sa capacité à être un bon père. Sortir faire les courses n’était donc pas quelque chose qu’elle appréhendait puisqu’Iris était en bonne compagnie. Nyla était loin de se douter que son cher chéri en profiterait pour jouer aux jeux vidéos. D’ailleurs, si elle l’avait su, elle ne serait sans doute pas sortie, ou lui aurait confisqué discrètement sa console, qu’il devait sans doute cacher dans un placard. Malheureusement, elle ne le savait pas, et elle était donc sortie plutôt confiante, et contente de prendre un peu l’air et discuter avec des connaissances. Imaginez donc la mauvaise surprise qu’elle eut donc en ouvrant la porte de l’appartement à son retour. Si elle n’avait pas eu les bras aussi chargés, elle n’aurait pas hésité à foncer sur Ioan et sa console pour la débrancher.

« Nan nan c’est pas ce que tu crois Nyla ! »

Nyla préféra ne pas répondre. Ce qui lui importait le plus à ce moment précis, c’était sa fille qui pleurait. Sa petite fille de trois mois, laissée seule dans sa chambre alors que son père jouait. Mais c’est bien connu, les hommes ne savent pas faire deux choses à la fois, c’était soit faire mumuse avec sa console, soit s’occuper de son bébé. Et à choisir, la console l’emportait, visiblement. Nyla s’empressa donc de prendre Iris dans ses bras, et déposa un bisou sur le front de l’enfant. Elle lui murmura quelques mots à l’oreille, pour essayer de calmer ses pleurs, lorsqu’Ioan fit son apparition à son tour dans la chambre de la petite.

« Mais bien sûr. Vu l’état dans lequel elle est, ça doit faire un petit moment qu’elle pleure. » Elle le fusilla du regard puis partit vers la table à langer. Il était clair qu’il fallait changer la couche de la petite, et que c’était pour cette raison qu’elle s’était réveillée soudainement. Elle posa délicatement l’enfant sur la table, puis sortit le matériel nécessaire.

« Tu as attendu que je sorte pour jouer, j’imagine. Ca devait te faire plaisir que je me décide à faire les courses… » Elle tourna la tête vers Ioan. Et pourquoi ça serait à elle la ‘corvée’ de changer la couche à Iris. Elle le faisait bien assez. Elle tendit donc une nouvelle couche à Ioan, qui n’avait d’ailleurs d’autre choix que de la prendre. « Tiens, rend toi utile au moins. »

Un soupir s’échappa de ses lèvres. Il ne comprenait pas.

« C’est pas la fin du monde ! » Souffla-t-il alors qu’elle prenait Iris dans ses bras.

Nyla avait tendance à toujours voir le mauvais coté. Qu’es qu’il avait fait de mal ? Rien mise a part jouer à ce qu’il aimait. Elle n’allait tout de même pas l’engueuler pour si peu. Jusqu’à ce qu’elle arrive Ioan contrôlait la situation, en bon père il allait se lever pour voir Iris, malheureusement pour lui Nyla était arrivé à ce moment là. Mais il aurait beau lui expliqué par a + b ou en chinois, Ioan - pour elle - était en tord, point.

Il suivit sa femme des yeux, du berceau jusqu’à la table à langer. C’était bizarre, Nyla n’avait encore rien dis. La bouche de Ioan s’ouvrit lorsque celle de Nyla fit de même. Fronçant les sourcils, il avança vers elle.

« Qu’es que tu en sais ? Tu n’étais pas là. » Il soupira une deuxième fois. Il ne comprenait toujours pas. « Je te dis qu’elle venait juste de commencer à pleurer. Je l’aurais entendu sinon. » Il était certain de ce qu’il avançait. Nyla peut être moins.

Elle continua sur sa lancé mais ne se laissant pas faire, Ioan répliqua, les mains dans les poches.

« Oui, effectivement. Pourquoi tu aurais le droit de t’amuser et pas moi ? Je ne suis pas que bon a me lever toutes les nuits pour Iris. J’ai aussi besoin de faire autre chose. » Ça ne voulait pas dire qu’il n’appréciait pas de s’occuper de sa fille, bien au contraire, il jugeait cependant bon de lui laisser quelque heure de tranquillité, juste pour lui. Il le savait à l’avance, Nyla allait lui reprocher que maintenant qu’il était papa, il devait assumer. C’est-ce qu’il faisait depuis trois mois nan ?

Il attrapa la couche que Nyla lui tendit et pris sa place devant Iris. Un dernier regard a sa femme avant de partir en apnée pour changer sa fille. Qu’il détestait faire ça. A chaque fois, il se sentait tourné de l’œil et pourtant son métier l’obligeait à voir des choses bien plus horribles. Une fois la couche changé, il pris Iris dans ses bras. Puis Nyla s’éclipsa de la pièce, Ioan en profita pour parler à sa fille.

« Maman, elle est vraiment pas gentille avec papa hein ! » Chuchota-t-il. « Et qu’es que tu dirais si papa te chantais une chanson ? »

Il rejoignit le lit et y déposa Iris, aussi délicatement qu’il le pu. Il remonta ensuite la couverture et commença à murmurer une chanson des beatles. Yesterday. Celle qu’il avait l’habitude de lui chanter chaque soir avant qu’elle s’endorme.

Qui a dit que Ioan était un mauvais père ?

Nyla connaissait plutôt bien, même très bien Ioan. Après tout, cela faisait six ans qu’elle le supportait. Elle se doutait qu’il pensait qu’elle était chiante & cie. Oui, en temps normal, elle l’était, beaucoup même mais à ce moment là, elle ne pensait pas l’être. Elle avait fait quoi ? Elle était rentrée, avait vu Ioan jouer à sa console alors que sa fille pleurait. Sa réaction était donc normale, toutes les mamans auraient réagi de la même façon à sa place.

« Si tu le dis. » Elle n’avait aucune envie de se disputer avec le papa de sa fille. Pas maintenant. Ils étaient tous les deux beaucoup trop fatigués, et donc sur les nerfs. Ca n’apportait rien de bon. « Mais je te connais Ioan, quand tu lis ou quand tu joues, il y a plus que ça qui compte. Je peux toujours te parler, tu ne veux rien entendre. Je me doute que c’était la même chose… »

Nyla déposa un autre bisou sur le front d’Iris et lui parla, comme le faisait tous les parents à leur bébé. Puis lui caressa la joue avant de se tourner à nouveau vers Ioan.

« Ah, parce que pour toi, aller remplir le frigo, c’est amusant ? » C’est vrai, c’est tellement drôle de faire les courses, il n’y avait pas mieux comme passe temps pour une jeune maman. La jeune femme soupira un grand coup. Elle n’avait aucune envie de se disputer avec lui. « J’ai besoin aussi de faire d’autres choses. Tu n’es pas le seul. »

Elle tendit ensuite une couche à Ioan, pour qu’il la change. Quant à elle, elle préféra s’éclipser de la chambre, n’ayant vraiment aucune envie que cette conversation finisse en dispute. Mais elle resta assez proche de la porte pour apercevoir et entendre Ioan. Elle aimait bien l’espionner quand il faisait son papa. Elle aimait bien le voir comme ça, ses yeux en pétillaient presque. Un sourire se dessina sur ses lèvres en voyant Ioan coucher Iris et lui chanter une parole. Elle ne put s’empêcher de les rejoindre.

« Maman est peut-être pas gentille avec papa, mais elle vous aime tous les deux. » Elle colla son corps à celui d’Ioan puis regarda, avec un grand sourire, Iris. Sa petite famille, elle l’échangerait pour rien au monde, et ces moments là, non plus.

« Yesterday. Love was such an easy game to play… » se mit-elle à chanter pour accompagner Ioan. Elle n’était pas une grande chanteuse, mais ce n’était pas si désagréable que ça à entendre –heureusement- .

Iris avait fermé les yeux, pour retourner au pays des rêves.

Elle n’avait aucune envie de se disputer. Il le sentait. Six ans plus tôt, il la rencontrait à l’université, elle étudiante studieuse en lettre moderne, lui beau gosse de l’université une fille différente chaque soir à son bras. Il en avait fait du chemin. Aussi étrange que cela puisse paraître en rencontrant Nyla, il avait su que sa vie allait changer. Et elle avait changé. Il était aujourd’hui le plus heureux des hommes, comblé par la naissance d’une merveille. Sa merveille.

Aussi, lorsqu’elle prétendait ou suggérait qu’il était un mauvais père, ça l’agaçait. Peut être que oui il jouait en cachette mais si Nyla ne lui avait pas interdit de jouer, cette situation ne serait sûrement pas arrivé. De toute façon, il devait tôt ou tard se faire prendre manette à la main. Tout comme elle, il n’avait aucune envie que cette discussion se transforme en dispute. Il était certes impulsif mais la fatigue accumulée depuis trois mois, le rendait à fleur de peau, plus que dans un état normal. Il était en tord quelque part mais même si au fond il ne se sentait pas coupable plus que ça, il se serait excusé aussitôt si la discussion venait a mal tourné.

Par chance, Nyla avait exposé les même arguments. Ioan ne répliqua cependant rien. Qu’elle parle si ça l’amuse. Prendre l’air était quelque chose que lui aussi aurait aimé faire même si c’était pour faire des courses. Messe basse, il s’était occupé de sa fille. Puis, Nyla avait quitté la pièce. Sans savoir qu’elle l’observait, il avait pris son rôle de papa au sérieux ( il le prenait toujours au sérieux de toute façon ).

Alors qu’il entamait les paroles de yesterday, le visage de Nyla apparut au dessus du lit. Le regard pétillant, il avait regard sa femme. Ouf, elle n’était pas si fâché que ça. Il déposa un rapide baiser sur les lèvres de Nyla et souffla.

« Je suis désolé. » Le regard rougissant, il était venu chercher un peu de réconfort dans les yeux de sa compagne. Oh oui, il l’aimait. Plus qu’il ne l’était permis d’ailleurs. Il n’y avait qu’a voir Iris pour s’en rendre compte. S’excuser c’était la moindre des choses. Nan ?

Puis détournant les yeux vers sa fille qui venait de s’endormir, après quelques paroles de chanson, Ioan murmura à l’oreille de Nyla, un sourire enfantin aux lèvres. « Il y a pas à dire. On a bien bosser. »

Il attendit quelques secondes, une minute tout au plus. Si il pouvait etre un compagnon agréable et un bon père, Ioan n’en demeurait pas moins un homme aux idées et réaction parfois adolescente.

« Je peux finir ma partie au moins ? » Un rapide regard à Iris, qu'il partait déjà et sans attendre la réponse de Nyla dans le salon. Presque en courant d'ailleurs. Bah quoi ? Il fallait bien mettre la console en lieux sûr.

Voilà qu’Ioan s’excusait. En le rejoignant, elle ne pensait pas qu’il le ferait. Mais elle l’avait souhaité fort. Ils avaient tous les deux des torts, elle le savait, mais elle persistait à croire que son homme en avait plus. Même s’il disait la vérité, il avait attendu que Nyla sorte pour sortir sa console et ses yeux de gosse. Bien entendu, si monsieur lisait dans ses pensées, il dirait sans doute qu’elle n’avait qu’à pas lui interdire de jouer. Il avait raison. Mais désormais, il avait des choses bien plus importantes à faire, Nyla avait mis de côté ses loisirs pour s’occuper de sa fille, il pouvait en faire de même. Du moins, les premiers mois qui suivaient l’accouchement. C’était tout ce qu’elle lui demandait, mais il ne semblait pas la comprendre. Alors, à quoi bon en parler ? Nyla rendit à Ioan son baiser, mais le fit durer plus longtemps. Depuis combien de temps n’avaient-ils pas pensé à eux, à leur couple ? Ils n’avaient plus de moments tendresse comme avant, ça lui manquait. Elle plongea ensuite son regard dans le sien, et s’y perdit l’espace de quelques secondes.

« Je suis désolée aussi. » Elle savait qu’elle n’aurait pas du réagir de la sorte, même si c’était normal, et que n’importe quelle mère aurait agit de la même façon à sa place. Nyla ne voulait pas devenir chiante, elle l’était déjà assez en temps normal, et Ioan ne dirait pas le contraire.

Nyla tourna ensuite la tête en direction de sa fille, et visiblement, Ioan et elle eurent la même pensée au même moment. Un grand sourire se dessina sur ses lèvres de nouveau.

« J’allais justement te dire la même chose. »

Elle eut juste le temps de finir sa phrase qu’Ioan avait déjà changé de sujet. Ah voilà, elle le reconnaissait bien celui qu’elle aimait depuis six ans. Monsieur voulait finir sa partie. Ca l’aurait bien étonné qu’il lâche aussi facilement l’affaire. Elle soupira un bon coup et le regarda partir vers le salon, sans avoir eu le temps de lui répondre. Décidément, il ne changera jamais. Nyla regarda une dernière fois Iris, qui dormait à poings fermés puis ferma délicatement la porte pour ne pas la réveiller.

Elle retrouva bien entendu Ioan, manette à la main, à fond dans son jeu. Bouh, et elle qui aurait bien profité de ces quelques instants de tranquillité pour retrouver son homme, elle pouvait toujours rêver. Elle passa devant lui, ramassa un coussin qu’il avait du faire tomber en bougeant dans tous les sens devant la télévision, et lui lança en pleine figure.

« Bon, si ça t’intéresse, chose dont je doute, je vais faire une sieste. »

N'allez pas croire que Nyla voulait passer un petit moment crapuleux sous la couette. Juste une petite pause tendresse. C'était trop demander ?

Ils étaient d’accord sur ce point. Iris était la plus belle. Même à sa naissance, Ioan criait déjà haut et fort que c’était sa fille. La sienne. Comme si sa joie était difficilement contrôlable. Il pouvait passer des heures à la contempler sans jamais se lasser. La voir fermer les yeux, sourire ou même rire lui procurait à chaque fois des sensations plus agréables les une que les autre. Parfois aussi, il s’amusait à chercher ce qu’elle avait de lui. Elle avait ses yeux. Oui, elle avait ses yeux. A bien regarder, il en était sûr. La seule chose qu’il espérait, c’est qu’elle n’avait pas hérité de son caractère. Déjà que Nyla avait du mal a géré l’enfant qu’il était encore alors deux comme lui, c’était difficilement imaginable.

Surtout qu’il était à nouveau manette à la main devant sa console. C’est vrai, plus rien ne comptait lorsqu’il jouait mais Nyla savait parfaitement attiré son attention. Elle avait toujours eu ce don inné de mettre ses sens en alerte a chacun de ses mouvements. Elle savait se faire désirer, comme elle savait se montrer entreprenante. C’était peut être ça aussi que Ioan avait aimé chez Nyla. Sa façon d’être une femme. Pourtant, il en avait connu avant elle mais jamais l’une d’entre elle n’avait réussis à faire naître au fond de ses yeux la flamme.

Alors qu’il s’attaquait à nouveau au boss du niveau 13, (Oui oui, il n’avait pas pu l’exterminer, Nyla était entré au même moment.) encore une fois ce fut sa femme qui le perturba. Elle passa devant la télé, l’obligeant a se pencher pour pouvoir voir la télévision. Punaise, elle le faisait exprès en plus. Fronçant les sourcils, hyper concentré, il ne vit pas le coussin arrivé sur lui. Touché en plein visage, il lâcha la manette prêt à grogner - oui oui grogner - après sa compagne.

Mais sa réaction fut tout autre.

« Si ça m’intéresse ? » Il attrapa le coussin le plus proche et se leva, un sourire amusé au coin des lèvres. « Tu crois que j’vais gagner combien de point bonus si je viens avec toi ? » Le regard coquin, il avait rejoint sa femme, en jetant le coussin qu’il avait dans les mains sur le canapé.

Quelques centimètres les séparaient maintenant.

Finalement, ses bras entourèrent Nyla dans une étreinte qui se voulait simplement tendre. La rapprochant de lui - il adorait sentir sa chaleur l’envahir -, il déposa un baiser sur le bout de son nez. « Je vais faire deux cafés et je te rejoint. »

Un regard complice. Un seul leur suffisait à se comprendre.

« A moins que tu ne veuilles autre chose ? »

Certes Ioan était peut être un accro de la console mais rien ne pouvait remplacer sa femme et ses pauses tendresses qui se faisait bien trop rare depuis l’arrivée d’Iris.

Nyla savait très bien comment détourner le regard de son homme de la télévision. Elle était d’ailleurs douée pour cela. Après tout, il est bien connu que les hommes ne résistent pas aux avances de leurs femmes. Le contraire arrive peu souvent. Lorsqu’ils avaient commencé à sortir ensemble, la jeune femme était parfaitement au courant du passé de tombeur de Ioan. Elle pensait d’ailleurs être une fille de plus sur sa liste. Elle ne s’était pas attendue à une histoire sérieuse, ne voulant pas souffrir si elle s’accrochait trop, mais au fond d’elle, elle avait su que cela serait différent, qu’elle pourrait le faire changer. Elle avait eu raison, désormais, Ioan lui appartenait, du moins, c’était ce qu’elle s’amusait à clamer en compagnie du jeune homme. Il aimait qu’elle dise cela, il savait qu’il pensait la même chose d’elle.

Elle ne put s’empêcher de lui envoyer un coussin en pleine figure. Car, c’est bien beau les avances, encore faut-il que votre homme remarque votre existence, ce qui n’était franchement pas gagné lorsqu’Ioan, par exemple, jouait à ses jeux vidéo. Pourquoi à votre avis Nyla ne voulait-elle pas qu’il y joue ? Elle n’aimait tout simplement pas être invisible aux yeux de celui qu’elle aime, et encore moins, se faire envoyer ballader par ce dernier parce qu’elle le dérangeait. Et puis, de toute façon, maintenant que leur petite beauté était née, Nyla trouvait cela évident que leur petite famille, celle qu’ils étaient en train de construire tous les deux, passe avant le reste. Avant les loisirs qu’ils avaient pu avoir avant que Nyla tombe enceinte. Et visiblement, leurs câlins sous la couette passaient après Iris aussi. Chose tout à fait normal après une grossesse et un accouchement, et la fatigue accumulée après toutes ses nuits à veiller sur Iris n’arrangeait pas les choses non plus. Mais tout de même.

« Oula, pleins. A ta place, je n’hésiterais pas une seule seconde et je lâcherais tout de suite cette manette. »

Nyla lança à son tour un regard coquin à Ioan qui se leva pour la rejoindre.

Debout tous les deux dans la pièce principale de l’appartement, Nyla ferma les yeux un instant. Son corps contre celui de Ioan, elle se sentait en sécurité. Une sensation de bien être parcourait son corps tout entier. Ces pauses tendresses, Nyla en raffolait. Celles-ci lui manquaient horriblement depuis la naissance d’Iris, et c’était bien la seule chose qu’elle pouvait regretter. Nyla était le genre de personne qui avait besoin de se sentir aimé, mais aussi d’aimer pour se sentir bien, se sentir vivante. Elle était d’une nature très douce, très calîne et ce manque commençait à se ressentir dans con comportement. Elle devenait plus chiante par exemple, ce qui ne présageait rien de bon pour Ioan. Mais il le savait très bien, vu qu’il aimait lui rappeler son caractère de cochon pour l’embêter.

Nyla approcha ses lèvres de celles de son homme, puis y déposa un doux baiser. Elle recommença ensuite mais avec une certaine passion. Plongeant son regard dans celui d’Ioan, elle n’avait aucune envie qu’il la laisse. Même une seule seconde. Elle posa sa main sur son torse. Sa proposition était tout de même assez alléchante. Un café ne lui fera pas de mal. De toute façon, Iris ne se réveillerait sans doute pas avant une bonne heure, c’était l’heure de sa sieste. Ils avaient donc du temps pour profiter l’un de l’autre.

« Un café sera parfait. S’il te plaît. »

Elle lui fit un grand sourire. Elle le regarda partir vers la cuisine puis entra dans leur chambre. Ah, qu’est-ce qu’elle ne donnerait pas pour dormir une nuit entière, sans être réveillée par les pleurs d’Iris, sans être obligée de se lever. Elle se laissa tomber sur le lit. Yeux vers le plafond, elle entendait Ioan préparer le café. Pas un bruit ne provenait de la chambre de la petite. Une envie d’aller vérifier si tout allait bien lui prit soudainement. Iris était son premier enfant, sa plus grande peur serait de la perdre, mais aussi d’être une mauvaise mère. Et s’il y avait un problème ? Ce silence complet inquiétait certaines fois la jeune femme. Ioan fit ensuite son apparition dans la chambre à ce moment là. Nyla décida de chasser ses peurs de sa tête et prit dans ses mains la tasse que son homme lui tendait.

« Merci mon chéri. Tu vois que c’est pas si compliqué que ça de lâcher ton jeu. Tu verras, tu ne le regretteras pas… » Elle lui lança un regard qui voulait tout dire puis but une gorgée de café. Ne lâchant pas du regard Ioan, elle ne put s’empêcher de penser qu’il était vraiment sexy et qu’elle était bête de ne pas en profiter. Une soudaine envie que voulez-vous. Elle but une nouvelle gorgée puis posa sa tasse sur la table de nuit.

« Ah, une bonne sieste nous fera le plus grand bien. »

« Intéressant. Souffla-t-il.

Plongeant son regard dans celui de Nyla, il sut qu’elle avait les même envie que lui. Du moins, il le devinait et l’espérait. Il y avait bien trop longtemps - au goût du jeune homme - que les câlins sous la couette était absent de leur quotidien. Ioan n’était pas un accro du plaisir mais comme tout les hommes, il avait des besoins. Des besoins qui se faisaient de plus en plus présent à mesure que les jours d’abstinence passaient. Pour Nyla ça devait être la même chose. Il avait appris avec elle, que les femmes aussi avait des besoin, chose a laquelle il n’avait jamais pensé avant de la rencontré. C’était un peu égoïste que de penser qu’a son bien être mais il avait changé, pour elle et rien que pour elle.

Une fois dans ses bras, Ioan avait oublié le reste. Plus rien n’existait quand le corps de Nyla venait se serrer contre lui. C’était le bonheur, à l’état pur. Ioan avait toujours rêvé d’un avenir de célébrité avec des femmes autant qu’il en voulait, jamais, il n’avait pensé qu’un jour son avenir aurait été une femme et des enfants, oui parce qu’il comptait bien avoir un petit garçon. Avant sa définition du bonheur c’était le sexe est rien d’autre, aujourd’hui elle avait complètement changé. Son bonheur se résumait à iris et Nyla rien d’autre. C’était les deux seules personnes qui le rendaient heureux. Et jamais Nyla ne s’était plein.

Alors que le doux parfum de sa femme continuait à lui faire perdre le sens du temps, ses lèvres s’étaient posées délicatement sur les siennes. Un baiser doux dont il raffolait. Puis, son baiser s’était intensifié, il était passionné et amoureux. Ce même baiser qui savait être celui qui disait « je te veux ». L’envie montant à travers lui comme un cheval au galop, il avait répondu à son baiser en lui donnant à son tour plus d’animosité. Oh que oui, il avait envie de sentir sa peau nue contre lui, de sentir ses mains caressé chaque parcelle de son corps. Il se résolu à la laisser quelque secondes pour aller chercher deux cafés.

Une fois dans la cuisine, il s’était occupé des cafés et avait laissé Nyla entré dans leur chambre. Il espérait qu’une chose, qu’Iris les laisse tranquille deux petites heures. Juste deux petites heures rien que lui et Nyla, c’est tout ce qu’il demandait. Une fois les deux cafés prête, il rejoignit Nyla dans leur chambre. Puis, il tendit une tasse à Nyla avant de poser la sienne sur la table de nuit.

« J’espère bien. » répondit-il amusé.

Il se doutait bien qu’elle allait tout faire pour lui faire oublié son jeu. Il adorait ça autant qu’il adorait la façon qu’elle avait parfois de l’aguiché. Ioan rejoignit alors sa femme sur le lit, heureux à l’idée de l’avoir rien que pour lui. Mais, son excitation fut de courte durée. Regardant Nyla, les yeux écarquillés, il se posta au dessus d’elle, les deux mains de chaque coté de sa tête.

« Une sieste ? » Il approcha son visage du siens, un sourire au coin des lèvres. « J’ai pas envie de dormir. » A peine, un centimètre séparait ses lèvres de celle de Nyla. Il jouait. Comme d’habitude.

« J’ai envie de toi. » Murmura-t-il

Sans attendre de réponse, Ioan avait succombé à la tentation en lui donnant un baiser passionné auquel il espérait que Nyla lui réponde.